L'action se déroule dans la ville d'Argos. Sept ans après la mort du roi, Agamemnon, son fils Oreste revient incognito dans sa ville natale le jour du mariage de sa sœur Electre avec le jardinier.
Après que le mariage a été empêché et que frère et sœur se sont retrouvés, Electre découvre que sa mère a un amant et que son père a été assassiné. Elle le sait : les responsables sont sa mère et Egisthe. Ce dernier, transfiguré et devenu un véritable chef d'état, souhaite sauver son peuple de la menace corinthienne. Cependant Electre, dans son exigence absolue de justice, conteste qu'il en ait le droit.
Au moment où débute le passage, Oreste s'est précipité dans le palais pour punir les assassins. Auparavant il a demandé au mendiant de faire à la foule assemblée le récit de leur mort. Celui-ci a fait attendre son auditoire pour qu'Oreste ait le temps de parvenir jusqu'à eux.
Nous verrons comment dans cet extrait l'emploi des temps souligne un tragique, mêlé de pathétique, mettant en relief l'originalité avec laquelle Giraudoux réécrit le mythe.
[...] En effet l'emploi à deux reprises du substantif bien du conditionnel irait et de l'adverbe temporel désormais connotent positivement les événements à venir dans une sorte d'ironie tragique, en opposition totale avec la suite effective des événements. La rupture de cette vision positive de l'avenir d'Argos est marquée par l'emploi du passé simple : il entendit L'utilisation du substantif bête et du verbe saignait confèrent d'emblée au crime perpétré une forme de barbarie proche de la boucherie. Egisthe ne comprend tout d'abord pas ce qui se passe. Ce n'est que progressivement qu'il le découvre, comme au ralenti. Il en prend conscience par étapes. [...]
[...] Celui-ci a fait attendre son auditoire pour qu'Oreste ait le temps de parvenir jusqu'à eux. Nous verrons comment dans cet extrait l'emploi des temps souligne un tragique, mêlé de pathétique, mettant en relief l'originalité avec laquelle Giraudoux réécrit le mythe. L'emploi des temps joue dans cet extrait un rôle capital. En effet le mendiant, un peu devin, peut-être même un Dieu, se présente en quelque sorte comme un porte-parole du destin. De ce fait sa narration apparaît comme étant prospective, une prédiction mise au passé. [...]
[...] Du point de vue d'Egisthe qui voit le crime on passe à celui d'Oreste qui le perpètre. La locution adverbiale au hasard ainsi que le gérondif en fermant les yeux expriment le trouble du personnage, comme s'il était terrifié par son propre geste. L'emploi de l'adverbe adversatif mais amène ici un troisième mouvement : celui de la mort d'Egisthe. Il va introduire un passage mêlant horreur et pathétique (qui crée ici une émotion douloureuse). L'emploi des deux adjectifs qualificatifs sensibles et mortel accentue l'idée de souffrance et de mort. [...]
[...] Le narrateur a donc comblé son retard et rejoint son héros. Ce qui est prouvé ici, c'est que si le mendiant peut raconter une action qui se passe ailleurs, c'est bien parce qu'il est en quelque sorte porte parole du destin. De même s'il peut anticiper sans se tromper c'est bien que le cours des événements était déjà fixé dans une forme de fatalité d'où le recours aux temps du passé, temps tragiques et mythiques par excellence. Ainsi ce dernier récit jouant sur les temps du passé ainsi que sur le tragique et le pathétique met en relief à la fois les constantes et les originalités appliquées au mythe d'Electre par Giraudoux. [...]
[...] Electre de Jean Giraudoux Texte LE MENDIANT. Alors voici la fin. La femme Narsès et les mendiants délièrent Oreste. Il se précipita à travers la cour. Il ne toucha même pas, il n'embrassa même pas Electre. Il a eu tort. Il ne la touchera jamais plus. Et il atteignit les assassins comme ils parlementaient avec l'émeute, de la niche en marbre. Et comme Egisthe penché disait aux meneurs que tout allait bien, que tout désormais irait bien, il entendit crier dans son dos comme une bête qu'on saignait. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture