George Sand écrit Indiana en 1832 ; elle vient alors de quitter son mari et d'adopter son pseudonyme. Ce roman est le second de son œuvre et contribuera à la faire connaître. S'y développent les thèmes qui lui sont chers de l'opposition entre la femme amoureuse et la réussite sociale, entre les impératifs de la passion et les contraintes de la société, symbolisées par le mariage. Son héroïne se voit brisée par l'égoïsme masculin : amoureuse de Raymon, elle est mariée au vieux colonel Delmare et aimée de Sir Ralph Brown. Le lyrisme et la confidence personnelle se mêlent dans ce roman au ton de la femme éprise de liberté. La Préface d'Indiana éclaire l'intention de l'auteur : « J'ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime de l'injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l'existence de la femme dans le mariage, dans la famille et dans la société. »
[...] Plusieurs indices nous en avertissent. Dans le premier paragraphe, apparaît le mot souvenir Dans le second, plus explicite, les notations temporelles sont associées à des allusions négatives : les illusions du passé le temps le plus malheureux de sa vie». L'émotion ressentie par Indiana devant ce paysage qui en fait, guère de rapport avec ce qu'il fait surgir, est très ambiguë. Le texte oscille entre le malaise : tout en lui faisant mal un étrange vertige et le bonheur intense : l'avait fascinée palpiter de joie Ces expressions qui se répondent et s'opposent évoquent des sensations physiques, entre nausée et extase, perçues dans le même temps, semble-t-il, par le corps et l'esprit. [...]
[...] Le tableau dont les éléments étaient mouvants, changeants, brouillés, se fige pour devenir façade tours architecture enfin. La vague se transforme en ligne ; les flocons de nuées, par définition impalpables, dessinent les contours d'une ville. Cette ville est citée précisément à deux reprises et à travers des éléments particulièrement symboliques. Il s'agit de Paris avec le Louvre, Notre-Dame et la Seine. Cette dernière est la seule à établir une sorte de lien entre les deux paysages par son appartenance à la liquidité. [...]
[...] George Sand, Indiana (1832) L'héroïne, Indiana, après avoir vécu une passion malheureuse à Paris, a été contrainte de retourner dans son île natale, l'île Bourbon- actuelle île de la Réunion. Rarement elle descendait dans les gorges de la rivière Saint-Gilles, parce que la vue de la mer, tout en lui faisant mal, l'avait fascinée de son mirage magnétique. Il lui semblait qu'au-delà de ces vagues et de ces brumes lointaines la magique apparition d'une autre terre allait se révéler à ses regards. [...]
[...] Écrit en 1832, Indiana, second roman de George Sand, est celui qui la fera connaître. Elle y aborde des thèmes qui lui sont chers et qui contribueront à lui donner cette image de femme éprise de liberté, à la limite du scandale : ceux de l'opposition entre la femme de passion et celle enfermée dans les contraintes sociales, symbolisées par les liens du mariage. Son héroïne, amoureuse de Raymon et mariée au vieux colonel Delmare, voit ses amours déçues et brisées. [...]
[...] La réalité est en fait pervertie deux fois, et deux sortes d'imaginaire et de réalité se mêlent. L'entrelacement se fait à deux niveaux : le paysage réel et les images qu'il fait naître : la réalité de ce qui a été vécu par la jeune femme présentée clairement comme malheureuse et le souvenir idéalisé qu'elle en garde. Dans son esprit, la ville de ses amours perdues est totalement positive. C'est pourquoi les qualificatifs utilisés pour la définir sont tous laudatifs : gigantesque immense prestigieuse Par opposition aux gorges qui évoquent l'image du gouffre et la sensation d'étouffement ressentie par l'héroïne, ce paysage imaginaire est celui de l'espace ouvert, de la liberté impossible à retrouver. [...]
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