Dissertation de Littérature entièrement rédigée, constituant une étude approfondie de l'oeuvre Gargantua de François Rabelais. Elle se base sur la citation du critique Géralde Nakam : "Le manger trompe l'angoisse - du corps, du sexe, de l'Histoire, de la mort. Le vin fait rêver ; mais le rêve est encore plus délicieux que le vin. Les terreurs se transfigurent en jeu et en rire : ce n'est qu'une illusion de l'art, dont le poète nous avertit par loyales énigmes. Son génie est fait de courage, comme son éthique. « L'éclat de rire énorme » de Rabelais retentit sur un « gouffre » de terreurs".
[...] Et c'est en effet le propre du discours littéraire et en particulier dans un roman d'être ainsi toujours biaisé et en constante évolution, ce qui laisse à penser que l'œuvre de Rabelais ne se limite pas à une moquerie continue et une tromperie à tous les niveaux. De même, Gargantua nous livre à plusieurs reprises des réflexions humanistes, notamment sur l'éducation, défendue par l'auteur et qui contraste avec l'éducation scolastique précédemment donnée au jeune Gargantua et qui n'a contribué qu'à le rendre fou. [...]
[...] Ainsi Thélème, idéal, utopie, de beauté et de liberté apparaissant à travers une expression lourde et monotone, est en réalité fondée, au sens propre du terme, sur une énigme, puisque cette dernière a été retrouvée dans les fondations de l'abbaye. Rabelais semble donc avoir attendu la toute fin de son œuvre pour nous révéler le secret du message qu'il transmet : il s'agit d'un message fondé sur un décalage permanent dans son écriture entre le fond et la forme, qui laisse au lecteur toute liberté d'appréciation et d'interprétation et fait de Gargantua une œuvre plurielle, à lire en sens agile De même nous pouvons voir que les derniers chapitres de Gargantua qui constituent l'épisode de l'abbaye de Thélème peuvent être tout d'abord interprétés comme l'idéal humaniste défendu et prôné par Rabelais dans ce XVIe siècle de la Renaissance culturelle et sociale. [...]
[...] Cette œuvre en particulier semble donc consacrer la toute-puissance du rire et des plaisirs, ce que le critique littéraire Géralde Nakam traduit ainsi dans son article Rire, angoisse, illusion extrait de la revue Europe en 1992 : Le manger trompe l'angoisse du corps, du sexe, de l'Histoire, de la mort. Le vin fait rêver ; mais le rêve est encore plus délicieux que le vin. Les terreurs se transfigurent en jeu et en rire : ce n'est qu'une illusion de l'art, dont le poète nous avertit par loyales énigmes. Son génie est fait de courage, comme son éthique. [...]
[...] En effet, on peut déjà voir que le contexte historique de l'époque d'écriture et de publication du roman joue un rôle important au sein du récit. Ainsi pouvons- nous remarquer que les terreurs évoquées par Géralde Nakam sont certes transfigurées mais cependant bien présentes, comme une réalité qui fait face aux hommes et qu'ils doivent affronter, comme c'est le cas par exemple pour la mort. Rabelais semble donc ici se donner pour mission de nous présenter indirectement les données réelles, ce que l'on peut voir notamment à travers l'épisode des guerres picrocholines : Picrochole, ennemi de Gargantua et Grandgousier, apparaît comme un personnage colérique et orgueilleux, animé d'un désir de conquêtes et l'ambition cachée de gouverner le monde, en allant toujours plus oultre On a donc ici affaire à une référence à l'empereur Charles Quint, en guerre à cette époque contre le roi de France humaniste François Ier (représenté ici par Gargantua et Grandgousier), et dont Rabelais présente ici une vive critique sous-jacente. [...]
[...] Ce n'est donc pas une illusion de l'art que nous donne ici Rabelais, mais bien une vision de l'activité artistique dans un contexte bien réel et concret. Le corps symbolique nous présente donc à travers le personnage de Gargantua une lecture du monde, biaisée, indirecte, mais bien présente, en relation avec le corps individuel. L'étude de l'évolution des personnages permet par exemple de montrer que la bouche, représentant à l'origine ce qui permet d'avaler quantité de nourriture, devient au fil de la narration ce qui permet aux protagonistes de s'exprimer, de parler et de développer ainsi leurs qualités humanistes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture