Gargantua, Rabelais, rire au service du savoir, comique, scatologie, grivoiserie, dimension philosophique
Rabelais demande à son lecteur dans le prologue d'interpréter son roman "à plus haut sens". Le comique présent dans l'oeuvre n'est-il donc qu'une enveloppe extérieure qu'il convient de dépasser afin d'accéder au sens philosophique ?
Dans son oeuvre Gargantua, Rabelais fait appel au comique à de multiples reprises. Appartenant au courant humaniste, cet écrivain serait né vers 1483 dans une famille bourgeoise et mort en 1553. Rabelais commence sa vie active en tant que moine, mais cela ne lui plaît pas ; il décide alors d'aller étudier la médecine à Montpellier où il devient médecin. Il publie alors des livres scientifiques, puis en 1532, sous un pseudonyme, Pantagruel. Il a recours à ce subterfuge pour éviter la censure et que l'on compare son roman aux précédents. En 1535, il publie Gargantua, où l'on retrouve certains personnages de Pantagruel. En 1545, il écrit le Tiers livre, puis en 1552 le Quart livre. Ces ouvrages sont condamnés par la Sorbonne : il est accusé d'hérésie. Il est sauvé par François Ier qui aime ses oeuvres et lui fournit un privilège d'édition. Rabelais est malgré tout obligé de s'exiler à Metz, mais finit par rentrer à Paris où il meurt.
[...] C'est en effet le contrat de lecture que propose l'auteur dans le prologue de l'ouvrage. Les « matières assez joyeuses et bien correspondantes au nom » doivent être interprétées « à plus haut sens ». Une partie de ce texte introductif exploite à plusieurs reprises l'image spatiale du dehors et du dedans. Ce qui est extérieur est trompeur. L'aspect physique de Socrate est « laid » et « ridicule » bien que le philosophe soit détenteur d'un « divin savoir ». De la même façon, l'os que ronge le chien n'a pas d'autre intérêt que de contenir « la substantifique moelle ». [...]
[...] Rabelais décrit le « membre » du héros du roman sur toute une page. L'auteur insiste sur la taille de celui-ci, signalant la grandeur de la braguette et le comparant à une « corne d'abondance ». Rabelais est considéré comme le roi du néologisme, total ou partiel, des expressions nouvelles, la plupart ayant intégré le dictionnaire. En effet, dans ses romans il est possible de lire des termes tels que « quintessence » (auquel il a attribué un sens nouveau), « substantifique moelle », « automate » ou encore « pagine ». [...]
[...] Il critique plusieurs institutions de la société comme l'Église ou la Sorbonne. Afin de diversifier son comique, Rabelais recourt au fantastique, au scatologique et à la grivoiserie. L'auteur définit le rire comme le « propre de l'homme ». Selon lui, le rire apporte la santé et permet de combattre la douleur. Pour finir, Gargantua est un roman didactique dont la publication a marqué son temps et constitue encore une source d'inspiration . [...]
[...] L'auteur crée une dynamique, une sorte d'interactivité par laquelle il espère inciter le lecteur à rejoindre son point de vue, ou du moins, à y réfléchir. Rabelais, afin que le lecteur tire des enseignements de son œuvre, invite ce dernier à interpréter ses mots. À plusieurs reprises, l'auteur alterne entre le comique et le philosophique, cela rend le roman plus attrayant. L'importance et la gravité du rire Dans Gargantua, le rire occupe une place centrale et est utilisé de multiples manières. [...]
[...] Rabelais suggère le rire comme philosophie de vie. Parmi les critiques émises par l'écrivain s'en trouve une assez virulente à l'encontre des institutions que sont l'Université de la Sorbonne et l'Église. La Sorbonne est fortement dévalorisée au chapitre XIX par le biais de Janotus de Bragmardo. Ce spécialiste a été envoyé pour récupérer les cloches de Notre-Dame que Gargantua a volées. Toutefois, son discours est inutile, car Gargantua avait déjà prévu de rendre les cloches aux Parisiens. Lors de sa « harangue », Janotus de Bragmardo est éméché et s'exprime tant bien que mal en langage populaire et en latin. [...]
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