La lettre que Gargantua écrit à son fils Pantagruel, au chapitre VI du Livre du même nom, doit être resituée dans l'ensemble des chapitres qui traitent de l'éducation dans le Gargantua. Lorsque Grandgousier s'est rendu compte à quel point ses précepteurs sophistes avaient rendu son fils Gargantua « fat, niais et ignorant », il l'a confié à un pédagogue, Ponocrates, qui a inauguré une pédagogie que l'on pouvait considérer comme révolutionnaire pour son temps (...)
[...] somme, que je voie en toi un abîme de science (l.39) La conclusion de l‘exposé du programme, que je voie en toi un abîme de science permet de mieux mesurer l'ambition du programme fixé par Gargantua. : c'est un programme encyclopédique. Encyclopédique signifie qui fait le tour des connaissances humaines : un tel programme ferait plutôt sourire aujourd'hui, tant l'étendue des connaissances est devenue immense. Ce n'était pas absurde aux yeux des humanistes parce qu'il n'était pas impossible qu'un homme à l'époque ait une relative connaissance dans tous les domaines du savoir. [...]
[...] En ce début du XVI ème siècle, grâce à l'invention de l'imprimerie, on peut enfin avoir accès aux textes originaux et recueillir la sainte Vérité à sa source. Ce qui suppose la connaissance des langues dans lesquelles ces textes ont été rédigés; d'où le conseil de Gargantua à son fils : En quelques heures par jour, commence à lire l'Écriture sainte, d'abord en grec le Nouveau Testament et les Épîtres des Apôtres, puis en hébreu l'Ancien Testament. 35 à 37) Il en va de même pour cette autre partie de nos racines que sont les civilisations grecques et latines : la connaissance du grec, surtout, ouvre l'accès aux grands philosophes de l'antiquité, Platon, Aristote, aux inventeurs des sciences, Archimède, de la médecine Hippocrate. [...]
[...] On pourrait en dire autant pour les progrès scientifiques dans le domaine de la génétique. Une éducation chrétienne : Cette formule a aussi une application individuelle : le désir de connaissance, peut mettre en péril l'âme humaine parce qu'il développe chez l'homme l'orgueil : n'oublions pas que dans la Bible, Adam et Eve ont été chassés du paradis pour avoir voulu manger des fruits de l'arbre de la connaissance, afin de s'égaler à Dieu. C'est en ce sens que Gargantua rappelle à son fils les principes d'une morale toute chrétienne qui commence par affirmer la misère de la créature humaine quand elle n'est pas éclairée par la foi en son Créateur : Il te faut servir, aimer et craindre Dieu, et en Lui mettre toutes tes pensées et tout ton espoir, et par une foi faite de charité, t'unir à Lui de manière a n'en être jamais séparé par le péché à 55) On remarquera au passage que la foi est définie essentiellement ici par la croyance dans la Rédemption par le sacrifice du Christ, et par la pratique de la charité, c'est-à-dire de l'amour du prochain, ce qui montre bien l'attachement de Rabelais au message évangélique. [...]
[...] Que la sagesse n'entre point en âme malivole (c'à-d qui aime le mal, traduit en français plus moderne par méchante). En fait l'âme malivole c'est l'âme qui vit dans le péché, et la sagesse que cette âme ne peut atteindre, c'est la sagesse au sens chrétien, c'-à-d la pratique des vertus chrétiennes, que le texte énumèrera par la suite. Mais on pourrait prendre le mot aussi au sens de la philosophie antique, sofia la sagesse du philosophe (étymologiquement philosophe signifie ami de la sagesse La fin de cette première phrase exprime une vérité plus profonde encore, sous une forme si concise et lapidaire qu'elle est devenue très célèbre : science sans conscience n'est que ruine de l'âme Comme toutes les pensées profondes, elle s'applique à une multitude de situations, individuelles ou collectives. [...]
[...] jusqu'à de tout l'Orient et du Midi. ( l à 28) En ce qui concerne le microcosme, il précise bien : acquiers une parfaite connaissance de cet autre monde qu'est l'homme (l. 33-34) Reste un dernier point : la formation militaire, indispensable pour l'éducation d'un Prince qui doit être toujours prêt à défendre ses sujets et à secourir les amis contre les assauts des malfaisants : la leçon de la guerre picrocholine n'a pas été oubliée. L'aspect proprement pédagogique de cet enseignement : Il ne suffit pas de fixer un programme d'enseignement, il faut aussi réfléchir sur la manière de transmettre ces connaissances et de faire en sorte que l'élève en fasse son propre bien. [...]
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