Dans son essai, Structure de la poésie moderne, Hugo Friedrich souligne la difficulté qu'il y a à accéder à la poésie moderne. Selon lui, les habitudes du lecteur sont bousculées. Le lecteur « ne se sent plus en sécurité, mais en état d'alarme » face à une production caractérisée par la dissonance, l'obscurité, l'hermétisme, la tension et l'inquiétude. Bref, « l'obscurité est devenue le principe esthétique dominant. »
[...] En effet, tout n'est pas si obscur dans la poésie moderne ; bien au contraire, l'ouverture de cette poésie vers la liberté devrait être le vecteur d'une clarté et d'un enrichissement tels que l'idée même d'hermétisme devrait ne pas surgir. C'est alors au lecteur de s'entraîner à lire de façon différente cette poésie novatrice. La poésie est histoire d'imagination. Un des outils fondamental pour le lecteur est effectivement son imagination. Cela devient la clé du poème. En réalité, les poètes ne cherchent plus à se faire comprendre de leur public, ils cherchent à innover, à détourner les règles, à choquer. C'est alors par l'imagination que le lecteur peut se laisser porter au gré du poème. [...]
[...] Non sans mal, le lecteur va devoir se ré-adapter à une poésie qui se veut en mutation perpétuelle. Il va devoir se trouver une place au sein de cette poésie novatrice qui, malgré son caractère inconnu, n'exclut pas la fonction de communication du poème. Ce monde encore inhabituel se caractérise, selon Hugo Friedrich, par de nouveaux aspects : la dissonance, l'obscurité, l'hermétisme, la tension et l'inquiétude. L'obscurité est devenu le principe esthétique dominant explique il dans son essai Structure de la poésie moderne. [...]
[...] Le désarroi du lecteur devant l'obscurité de la poésie moderne n'est autre que le vecteur d'une nouvelle appréciation. En effet, c'est ce trouble qui tient le lecteur en alerte. Il est impossible de lire Le Pin des Landes de Théophile Gautier de la même façon que La manifeste Dada de 1918 de Tristan Tzara. L'écriture de Tristan Tzara et les sensations auxquelles elle fait allusion dès les premières phrases : foudroyer s'énerver etc retient l'attention du lecteur. Le choc que peut produire la poésie moderne chez son lecteur ne s'apparente pas une simple obscurité mais bien à un moyen de solliciter l'attention plus minutieuse de celui-ci, qui jusqu'alors s'endormait devant une poésie d'usage trop quotidienne. [...]
[...] Ce sont quelque part les buts des poètes qui semblent rendre obscur la poésie moderne. L'analyse plus précise de ceux-ci, nous montre pourtant que le poète cherche à retenir l'attention du lecteur, plutôt qu'à lui faire éprouver un sentiment de tension. La poésie qui apparaît dès la fin du XIXème siècle se différencie de la poésie classique par le fait qu'elle évolue perpétuellement. Le lecteur ne se retrouve donc plus face à une poésie uniforme, mais face à de nouveaux mouvements poétiques supposant une attention permanente. [...]
[...] Le lecteur éprouve comme une douleur face au poème, douleur qui naît de la difficulté qu'il a de lire et comprendre les poèmes modernes. La dissonance apparaît comme un principe récurrent dans cette nouvelle poésie. Les mots n'ont plus les mêmes sens, l'utilisation du lexique est totalement libérée des contraintes stylistiques imposées par le genre, la syntaxe change. Cette poésie moderne est en contradiction avec la poésie classique. Prenons pour exemple Tristan Tzara. Pour faire un poème dadaïste illustre à merveille le fossé observable entre la poésie de convention et la poésie moderne. [...]
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