France, nation littéraire, rédemption par la littérature, littérature, intellectuel, écrivain engagé, culte français de la littérature
Les écrivains et la littérature tiennent une place particulière, tant dans l'histoire de France que dans la société et l'esprit des Français. Cette place n'est pas seulement liée à la relation qu'entretiennent notre pays et les Français avec leur langue nationale. Il existe, en France, une mystique propre de la littérature et de la figure de l'écrivain, particulièrement persistantes, qui touchent, à travers l'histoire et l'inconscient collectif, la politique, la culture et la société.
Les Français et la société française adhèrent toujours (pour combien de temps encore ?) à la conception romantique de la rédemption par la littérature, qui a conféré à nos écrivains un statut intellectuel et même social qui fait l'envie de leurs confrères étrangers.
Si la globalisation des flux culturels, l'hégémonie des médias audiovisuels et l'accélération du rythme des sociétés a quelque peu affaibli l'intensité de cette foi dans la littérature, la fiction continue de tenir dans les médias français une place sans équivalent, un grand nombre de personnalités se piquent d'en écrire et beaucoup de nos compatriotes se rêvent écrivains. Près d'un cinquième des Français, selon certains sondages d'opinion, souhaiteraient se voir donnée la possibilité, par le talent ou l'absence de contraintes matérielles, d'écrire.
[...] Enfin, Proust est probablement l'écrivain du XXe siècle qui a fait l'objet du plus grand nombre de travaux universitaires. Par l'ampleur de son œuvre et sa conception sacerdotale et rédemptrice de la littérature, c'est probablement l'auteur de la Recherche du temps perdu qui porte le mieux la foi persistante des Français dans le pouvoir et la grandeur de la littérature 1985. [...]
[...] Mais le prix est décerné indifféremment à des hommes et à des femmes En revanche, sa diffusion et son poids économique sont sans commune mesure avec l'édition américaine mais aussi britannique ( même en excluant Harry Potter). Aucun auteur français (ni francophone) n'atteint désormais la diffusion universelle des auteurs de romans policiers anglo-saxons (John Grisham pour les États-Unis ou Phillys Dorothy James pour la Grande-Bretagne) ou des stars de la fiction traditionnelle anglophone (William Styron, Pierre Salinger, John Updike ou John Irving pour les États-Unis, Julian Barnes, David Lodge ou Kazuo Ishiguro pour la GrandeBretagne). [...]
[...] La parole des historiens (Fernand Braudel), des anthropologues (Claude Lévi-Strauss, JeanPierre Vernant), et surtout des philosophes (de Michel Foucault aux nouveaux philosophes André Glucksmann ou Bernard-Henri Lévy) étend progressivement son ombre sur celle des écrivains, qui remettent eux-mêmes radicalement en question l'« objet littérature la création littéraire comme la légitimité de l'engagement (par le courant du nouveau roman et des personnalités aussi diverses qu'Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Claude Simon ou Michel Butor) & Le Pays de la littérature : Des Serments de Strasbourg à l'enterrement de Sartre, Pierre Lepape, éd. du Seuil, coll. Fictions & Cie sept Pour autant, il serait prématuré et probablement excessif de sceller le divorce de la France et de sa littérature. Symboliquement et pratiquement, la littérature continue de représenter une composante fondamentale de l'image que les Français ont d'eux-mêmes et qu'ils projettent à l'extérieur de nos frontières La place de la littérature reste unique en France La France est l'un des seuls pays occidentaux où la culture littéraire continue d'imprégner en profondeur la société. [...]
[...] L'écrivain reste en France une conscience et le gardien des valeurs et de l'identité nationale. Ce pouvoir de thaumaturgie sociale et ce prestige expliquent la propension des élites et de beaucoup de Français, parfois considérée avec ironie à l'extérieur de nos frontières, à publier ou souhaiter le faire. Le virus de l'écriture contamine non seulement les hommes politiques, mais aussi les professions de la communication, y compris audiovisuelle (Philippe Labro, Hervé Claude, Patrick Poivre d'Arvor ou Claire Chazal ont été des auteurs de best-sellers) ou publicitaire (Frédéric Beigbeder, Jacques Séguéla) et les élites économiques (des banquiers comme François Cariès, Jean-Yves Haberer ou Jean-Claude Trichet, des chefs d'entreprise comme Clara Gaymard ont publié chacun à plusieurs reprises romans et même recueils de poésie). [...]
[...] Cette place n'est pas seulement liée à la relation qu'entretiennent notre pays et les Français avec leur langue nationale. Il existe, en France, une mystique propre de la littérature et de la figure de l'écrivain, particulièrement persistantes, qui touchent, à travers l'histoire et l'inconscient collectif, la politique, la culture et la société. Les Français et la société française adhèrent toujours (pour combien de temps encore à la conception romantique de la rédemption par la littérature, qui a conféré à nos écrivains un statut intellectuel et même social qui fait l'envie de leurs confrères étrangers. [...]
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