La lettre existe depuis la nuit des temps, elle était déjà présente dans l'Antiquité, chez les Grecs. Les supports évoluèrent avec le temps, d'ardoise on passa à papyrus et de papyrus à papier. Son utilisation s'intensifia lorsque la Poste se développa. Jadis, envoyer une lettre était à ses propres frais et le coût était considérable pour l'expéditeur, c'est pourquoi l'utilisation des lettres était exclusivement réservée aux riches.
C'est à partir du 16ème que la lettre devint un diffuseur de pensée, en effet de multiples philosophes l'employèrent pour propager leur pensée et dans certains cas leurs langues et leurs cultures.
Le roman par lettres fut inventé au 17ème relatant intégralement par missives une histoire vécue par plusieurs personnages. On constate donc que le genre épistolaire est aussi contrasté que diversifié. Dans ce contexte quel est donc le mérite de ce genre, quelles en sont son utilité et sa finalité dans la littérature ?
Afin de répondre au mieux à cette problématique nous allons tout d'abord nous arrêter sur l'originalité de ce mode d'expression littéraire, puis nous appuierons sur le lien réalité-fiction existant dans l'épistolaire. Enfin on définira les caractéristiques de la forme épistolaire.
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[...] L'universalité des thèmes employés par les auteurs du genre épistolaire leur permet de conquérir un public très large et de perdurer : l'exemple des Liaisons Dangereuses illustre le modèle type d'un roman épistolaire réussit et durable. Le genre épistolaire comporte une diversité d'écriture incomparable tel que les lettres ouvertes comme J'accuse de Zola publiée dans l'Aurore, ainsi que le roman épistolaire les Souffrances du jeune Werther ou bien Oberman de Senancour. Cette diversité d'œuvres permet au genre épistolaire de ce faire une place en littérature au même titre que d'autres. [...]
[...] Le lecteur ne connaît pas les personnages à travers un narrateur mais à travers les pensées, les actes relatés et les opinions des autres locuteurs ce qui est le cas dans les Liaisons Dangereuses. Pour beaucoup les sentiments sont exposés à travers les lettres, la sincérité aussi. Ceci n'est pas une chose facile, mais même le stylo le plus calculé ne peut caché les imperfections de la spontanéité. Par exemple la comtesse de Merteuil reproche à Valmont de trop bien écrire dans sa dernière lettre à la Présidente de Tourvel qui est l'objet de sa future conquête : n'y a rien de si difficile en amour que d'écrire ce qu'on ne veut pas. [...]
[...] Un genre épistolaire qui offre une place à la femme Le genre épistolaire va enfin permettre aux femmes d'entrer en force dans le champ littéraire, par le biais des correspondances privées, car en effet en laïcisant l'épître, les humanistes l'ont débarrassé du sérieux qui la caractérisait : De Balzac et Voiture au 17ème l'utilise pour entretenir leurs lecteurs de sujets d'esthétiques et plus généralement de tout ce sui est abordé dans les salons précieux ; ce qui fait des dames des destinatrices privilégiées. Les femmes vont plus loin que les hommes dans le domaine de l'écriture de lettres, elles manient avec magnificence l'art de la lettre, elles écrivent avec justesse sans fournir un grand effort, comme si le don d'écrire des lettres est inné en elles. Au 18ème, Melle de Tencin, Melle du Deffand ou Julie de Lespinasse animent des salons qui sont des lieux d'échanges intellectuels intenses, le langue des lettres y est élaborée. [...]
[...] Car cherchant à sensibiliser le lecteur elle sera bien moins radical que l'oral. On peut aussi grâce à elle, le temps de la lecture ou de l'écriture, effacer l'absence de l'expéditeur ou du destinataire. Car en la lisant on retrouve toute la personnalité de son auteur, ainsi le destinataire se sent accompagné dans sa lecture. On retrouve ceci dans les paroles de Julie de Lespinasse lorsqu'elle dit : Il serait sans doute plus doux, plus consolant, d'être en dialogue, mais le monologue est supportable, lorsqu'on peut se dire : je parle seule et cependant je suis entendue. [...]
[...] Montesquieu est quant à lui le premier à percevoir toute l'authenticité du roman par lettres dans les Lettres persanes. Son œuvre génèrera une foule d'imitateurs qui tous mettront en scène des correspondants artificiellement éloignés dont les mœurs permettront de parler de culture et de nature. Le 18ème invente ainsi la lettre fictive mais réaliste car toujours empreinte d'authenticité qui rendra l'intrigue plus palpitante. Laclos offre dans ce registre Les Liaisons Dangereuses, roman par lettre polysémique qui rend encore plus authentique l'œuvre. [...]
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