L'auteur doit faire des choix. Lorsqu'il écrit, il peut introduire ses idées selon ses goûts, ses attirances, et ses envies. Que veut-il faire ressortir ? Sur quoi doit-il attacher plus d'importance ? Que le créateur choisisse la poésie ou la prose, le théâtre ou la nouvelle, il est sans cesse confronté à différents moyens d'exprimer ces sentiments. Et s'il choisit l'un ou l'autre, il émet d'ores et déjà un désir bien précis de ce qu'il entend créer. Pourquoi aller vers la poésie plutôt que vers la prose ? Peut-être préférer la musicalité et le rythme pour s'exprimer... Mais dans tous les cas, l'auteur est obligé de s'attarder quelques instants sur la forme. Elle est pour certains secondaire, certes, il faut accorder plus d'importance aux idées évoquées qu'à la façon dont elles sont exprimées. Pour d'autre, la forme passe avant le fond : l'auteur choisit de mettre en valeur jeux de mots, rimes ou autres figures stylistiques élaborées pour impressionner le lecteur. Ne pourrait-on pas lier subtilement ces deux concepts ? (...)
[...] Certaines figures de style en littérature sont très contraignantes pour les idées : elles peuvent avoir différents effets sur le sens, ce qui accentue les sentiments. Voyons dans un premier temps les procédés littéraires basés sur des ruptures syntaxiques. Ainsi la forme est très étriquée, parfois difficile à lire, et cela paradoxalement nous donne envie de comprendre, d'en savoir plus, donc le sens prend toute son ampleur. Commençons par les monosyllabes. Ce procédé consistant à écrire un vers ou une phrase uniquement avec des mots de une syllabe donne subitement un rythme saccadé et provoque chez le lecteur un effet particulier, le poussant à s'intéresser au choix de l'auteur. [...]
[...] Tout cela donne une idée plus précise et concentrée de ce que peut représenter un acte simple mais très symbolique pour quiconque est privé de liberté. Nous pourrions penser qu'il en est de même pour les autres arts, notamment l'art pictural, ou le cois de la forme est particulièrement important : ainsi dans "Le tournesol" d'Egon Schiele, le choix du peintre de dessiner ce tournesol si étriqué, si fané et tout en longueur pourrait exprimer son mal-être et la vision pessimiste qu'il a de la vie à travers la nature. [...]
[...] Ainsi on comprend mal, le sens du poème est compromis, l'auteur a choisit de montrer sa peur de la mort, la confusion de son esprit. Plus un texte est étriqué plus on ressent la malaise de son créateur. Peut-être que le pantoum peut le mieux évoquer cette idée : dans "Harmonie du soir" de Baudelaire les vers sont repris a l'identique suivant un ordre bien précis. Même si ce pantoum n'est pas totalement régulier (le premier vers ne coïncide pas avec le dernier) on sent l'idée emprisonnée, coincée dans les carcans de la forme qu'a choisit Baudelaire. [...]
[...] L'oxymore, procédé qui correspond le mieux à l'idée de Baudelaire qui pense que la forme contraignante conduit à une idée plus intense : peut-être est-ce pour cela qu'il l'utilise tant ? L'alliance de termes contrastés (dès le titre Les Fleurs du mal ) font sortir adroitement l'idée de création dans le mal. Ainsi, plus on sent cette dualité Satan/Dieu chez Baudelaire, ces contrastes, ces oppositions oxymoriques plus on comprend qu'il puise ses idées et son inspiration dans la beauté du mal, alors les idées sont catégoriques. [...]
[...] Nous pouvons aussi citer dans "Le modèle" une nouvelle de Maupassant, la phrase si heurtée qu'elle nous laisse imaginer l'état de choc dans lequel est le personnage : " Tu dis . ? Tu dis . ? Tu dis . ? Répète " ? A tel point qu'elle va ensuite se jeter par la fenêtre pour essayer de se suicider. Baudelaire, de même, pense qu'on ne peut trouver son bonheur que dans les sphères de l'Idéal, donc dans notre imaginaire . [...]
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