Lorsque le deuxième recueil de fables, c'est-à-dire les livres VII à XI, paraît en 1678-1679, La Fontaine est reconnu en tant que poète pour ses fables et son succès est important. C'est pourtant dans ce deuxième recueil que son art s'épanouit. Les fables s'allongent et se complexifient, les sources se diversifient. Mais le genre de la fable, entièrement renouvelé par La Fontaine, a désormais déjà acquis ses lettres de noblesse lors de la parution du premier recueil.
« Les Obsèques de la Lionne » est la quatorzième fable du huitième recueil. Elle fait suite à une fable mettant en scène des personnages humains et en précède une autre où apparaissent un rat et un éléphant. Nous retrouvons ainsi le goût de La Fontaine pour le changement et son souci de ne pas ennuyer.
Cette fable reprend la thématique du trompeur trompé présent dans « Le Lion, le Loup et le Renard » (3) et « le Rat et l'Huître » (9). Plus subtilement, la fable du « Torrent et la Rivière » (23), en soulignant que « les gens sans bruit sont dangereux // Il n'en est pas ainsi des autres. » sous-entend que l'on peut se sortir des pièges de ceux qui parlent fort, comme les courtisans, ce que parvient précisément à faire le cerf dans cette page.
Nous verrons comment La Fontaine, grâce à son style plaisant et agréable, s'exprime en moraliste et appelle au pragmatisme pour survivre dans le monde de la cour tout en obéissant à son but initial d'instruire et de séduire. La fable est écrite dans une alternance expressive d'alexandrins et d'octosyllabes.
[...] Plaire et instruire, tel est le programme de la fable. Et La Fontaine remplit parfaitement son contrat : non content de plaire et instruire, il dénonce violemment les travers de son temps, notamment le mensonge qui règne à la cour. Si dans cette fable il n'invite pas spécialement le lecteur à se retirer loin du monde plein de dangers comme il le fait ailleurs, il fait preuve d'un pragmatisme apte à garantir le salut physique. Moraliste, mais non moralisateur, il ne condamne pas le mensonge qui s'avère être le seul recourt dans cet univers où personne n'est lui- même. [...]
[...] L'ironie réside dans le clin d'œil que La Fontaine fait au lecteur jugez et à l'expression totalisante chacun s'y trouva En fait, il n'y a pas à juger ou à réfléchir : le lecteur qui connaît un tant soit peu la cour sait bien que tous les courtisans accourent en pareil cas. Suit la description du roi, dans son attitude de deuil, de déploration. Il s'agit d'un deuil public où le roi laisse éclater une douleur visible cris son antre résonna Le roi redevient un animal antre pour un instant. Toute son attitude est faite d'excès. [...]
[...] Or ce quintil recouvre le dernier vers du récit de la fable et la moralité. Ainsi, la moralité, loin d'être une simple conclusion généralisante ajoutée après le récit pour répondre aux nécessités du genre de la fable, fait partie intégrante de la fable. I. Les obsèques à 16) La fable s'ouvre sur un octosyllabe simple et sobre qui reprend très exactement ce qu'annonçait le titre. La Lionne est présentée par une périphrase mettant en avant sa fonction politique d'épouse du roi La femme du lion La phrase est on ne peut plus simple (sujet, verbe au passé simple). [...]
[...] Un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux et de son visage ; il est profond, impénétrable ; il dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, parle, agit contre ses sentiments. La Souris et le chat huant : Puis, qu'un cartésien s'obstine A traiter ce hibou de montre ou de machine. Proverbes : Tel le rugissement du lion, la colère du roi ! Qui l'excite pèche contre lui-même. Proverbes : L'enseignement du sage est source de vie Pour éviter les pièges de la mort. [...]
[...] sous-entend que l'on peut se sortir des pièges de ceux qui parlent fort, comme les courtisans, ce que parvient précisément à faire le cerf dans cette page. Nous verrons comment La Fontaine, grâce à son style plaisant et agréable, s'exprime en moraliste et appelle au pragmatisme pour survivre dans le monde de la cour tout en obéissant à son but initial d'instruire et de séduire. La fable est écrite dans une alternance expressive d'alexandrins et d'octosyllabes. I. Les obsèques à 16) II. La Fontaine moraliste à 23) III. Le Jugement du Cerf à 38) IV. Le triomphe du Cerf à 51) V. [...]
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