La fable n'étant pas un genre reconnu ni codifié, elle laisse une grande liberté. Mais elle implique certaines contraintes qu'évite le conte : elle est en effet soumise à un impératif didactique, et à des exigences de brièveté. Il faut donc concilier charme, gaieté, morale, rapidité avec la volonté de La Fontaine d'enrichir le genre.
[...] Pour Mademoiselle de Sillery ou même à une demande royale, princière, cf XII A monseigneur le Duc de Bourgogne, qui avait demandé à M. de La Fontaine une fable qui fut nommée Le chat et la souris. ces dédicaces sont fréquentes et parfaitement intégrées à la fable, comme dans VIII où il se livre même à quelques jeux de mots sur le nom de son destinataire : Car afin qu'on le sache C'est Sillery qui s'attache A vouloir que de nouveau Sire loup, sire corbeau Chez moi se parlent en rime. [...]
[...] Il a à lui seul une forme propre, il exerce sur le lecteur une attraction tout particulière. L'énoncé de la leçon tente de réduire le sens de ce récit à son profit. Mais elle n'y parvient pas totalement. Il arrive ainsi à la moralité de s'effacer au profit du récit qui s'épanouit contre elle. Dans La laitière et le pot au lait VII ; dans Les deux coqs VII il décrit les plaisirs de l'imagination alors même qu'il devrait en dénoncer les effets : Qui ne fait châteaux en Espagne ? [...]
[...] Il joue ainsi sur l'interpénétration entre les deux, comme dans Les deux chiens et l'âne mort VIII Il nous fait passer progressivement du général à l'exemple anecdotique : Les vertus devraient être sœurs, Ainsi que les vices sont frères ( ) A l'égard des vertus, rarement on les voit Toutes en un sujet éminemment placées, ( ) Parmi les animaux le Chien se pique d'être Soigneux et fidèle à son maître ( ) Témoins ces deux mâtins qui dans l'éloignement Virent un âne mort qui flottait sur les ondes. C'est parfois aussi un personnage qui prend en charge l'énoncé de la morale de façon à lui enlever son caractère trop général. Il laisse ainsi la leçon liée aux circonstances comme dans VIII le chat et le rat : Et moi, reprit le rat, penses-tu que j'oublie Ton naturel ? aucun traité Peut-il forcer un chat à la reconnaissance ? S'assure-t-on sur l'alliance Qu'a faite la nécessité ? [...]
[...] Leurs discours ne servent à rien face à la violence de l'homme, si ce n'est à montrer la justesse de leur raisonnement. La fin est inéluctable : Du sac et du serpent aussitôt il donna Contre les murs tant qu'il tua la bête. B. Une versification variée Peu de fables utilisent un mètre constant ; trois en alexandrins : VIII ; XII et 28 ; deux en décasyllabes : VII ; XII ; une en octosyllabes : IX ; une en heptasyllabes : VIII La plupart des autres fables mélangent différents mètres : l'alexandrin, le décasyllabe, l'octosyllabe, l'heptasyllabe, + vers de six pieds (en combinaison avec l'alexandrin), et parfois même de deux, trois ou quatre syllabes. [...]
[...] Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, Autant les sages que les fous ? Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux : Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes Parfois La Fontaine va si loin dans ses écarts qu'il en vient à la contradiction. Citons par exemple la fable VIII L'horoscope Il développe deux récits, celui d'un jeune homme qui meurt par la faute d'un lion, celui d'Eschyle assommé par une tortue qui réalisent deux prédictions effectuées auparavant. [...]
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