Dans sa préface au Théâtre de Beaumarchais, René Pomeau, écrit à propos de l'évolution de la trilogie : "il ne s'agit toujours que d'ajuster adroitement des machines. Ce qui confère à ce théâtre (...) une certaine unité. Figaro monte ses intrigues comme Beaumarchais les siennes : avec le même tour d'intelligence combinatrice, recourant aux mêmes petits moyens, lettres interceptées, artifices innocents de la pharmacopée... A cet égard, la troisième pièce ne vaut ni plus ni moins que la première. Où Beaumarchais se trompe, c'est quand il prétend, comme il dit, "fondre dans le pathétique d'un drame" les agencements de la comédie (...) : "l'imbroille" complexe ne réussit à la scène qu'entraînée par l'allégresse".
Vous discuterez ce jugement en vous appuyant sur votre lecture de l'ensemble de la trilogie.
[...] ] c'est vous qu'il faut punir des erreurs de notre jeunesse ». Etonnamment féministe, ce passage (d'ailleurs bien vite supprimé) se clôt sur l'évocation du thème qui va être au cœur du long monologue de Figaro : celui des origines sociales, de ce qu'on appelait la naissance. « Ne regarde pas d'où tu viens, vois où tu vas : cela seul importe à chacun », conseille Marceline à son fils nouvellement retrouvé ; lequel de reprendre le sujet, mais en l'orientant dans un sens nettement plus polémique, en opposant la médiocrité de sa naissance à celle, glorieuse, du Comte : « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ? [...]
[...] Jusque là, on serait tenté de dire que les troisième opus fonctionne comme les autres ; mais là où la dramaturgie est plus faible, c'est lorsqu'on s'aperçoit que cette mise en scène ne portera aucun fruit : Figaro et son épouse ne feront que se croiser durant le reste de la pièce, et ne pourront échanger que peu de mots à chaque fois, moins encore d'informations qui sont pourtant le but même de ce double-jeu. Cela confère un aspect superficiel, gratuit, à ce procédé de théâtre dans le théâtre, puisqu'il n'apporte rien à l'intrigue, ne fait pas avancer l'action et ne fournit aucun renseignement aux personnages qui l'ont mis en place. Conclusion partielle. [...]
[...] Plus tôt, c'est la reconnaissance du père qui prête plus au rire qu'aux larmes : « Marceline, montrant Bartholo : Voilà ton père. - Figaro, désolé : O o oh aïe de moi - Marceline : Est-ce que la nature ne te l'a pas dit mille fois ? - Figaro : Jamais. » (III, 16) Si Beaumarchais mélange les registres dans Le Mariage de Figaro, il ne prétend pas faire moins dans La Mère coupable ; il le dit d'ailleurs lui-même dans sa préface, et annonce qu'on y peut « démêler une intrigue de comédie, fondue dans le pathétique d'un drame ». [...]
[...] et garder les deux mille piastres qu'il doit à Marceline. On le voit ainsi qui « embrasse sa mère d'un coté, Suzanne de l'autre » (III, après avoir fait part des vives émotions qui le transportent : « voudrais-tu voir se fondre en eau mes yeux noyés des premières larmes que je connaisse ? elles sont de joie, au moins. [ . ] Je veux rire et pleurer en même temps ; on ne sent pas deux fois ce que j'éprouve. [...]
[...] Montrer les vices des hommes. La pétition de principe que tient Beaumarchais dans sa préface au Mariage de Figaro peut être, sans encombre, généralisée à la trilogie : « Mais, parce que les personnages d'une pièce s'y montrent sous des mœurs vicieuses, faut-il les bannir de la scène ? Que poursuivrait-on au théâtre ? les travers et les ridicules ? cela vaut bien la peine d'écrire ils sont chez nous comme les modes ; on ne s'en corrige point, on en change. [...]
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