Par tous ses aspects, l'Education sentimentale est le livre flaubertien par excellence. L'auteur y a mis la surabondance de toute sa vie intérieure. C'est le livre du bovarysme masculin qui est publié en 1869, témoignage irrécusable sur la vie personnelle de l'auteur et sur sa passion douloureuse pour Madame Schlesinger.
Ce texte se situe à la fin du chapitre I de la deuxième partie. La première partie se terminait sur le retour de Frédéric Moreau chez sa mère à Nogent-sur-Seine, au terme de ses études de droit. Après avoir d'abord appris que l'état de son patrimoine lui interdisait toute espérance et l'empêcherait notamment de retourner à Paris voir Madame Arnoux, le héros fait bientôt un gros héritage. Aussi la deuxième partie le ramène-t-elle tout exalté à Paris, le cœur gonflé de rêves de splendeurs et d'amour avec Madame Arnoux. Les retrouvailles sont pourtant décevantes. Aussi se laisse-t-il entraîner par Arnoux à un bal masqué chez Rosanette, qui fait ici son apparition dans le roman.
Ce passage décrit les derniers moments de la fête, moment d'excitation extrême précédant immédiatement le dégrisement. Le romancier rend à la fois le grotesque de la fête ainsi que ses aspects comiques.
[...] Flaubert, L'Education sentimentale Etude de texte : fin du chapitre deuxième partie : Mais deux voix furieuses s'élevèrent . dont les paupières rouges clignotaient Par tous ses aspects, l'Education sentimentale est le livre flaubertien par excellence. L'auteur y a mis la surabondance de toute sa vie intérieure. C'est le livre du bovarysme masculin qui est publié en 1869, témoignage irrécusable sur la vie personnelle de l'auteur et sur sa passion douloureuse pour Madame Schlesinger. Ce texte se situe à la fin du chapitre I de la deuxième partie. [...]
[...] Cette peinture des dérèglements de la vie parisienne, orgiaque jusqu'au fantastique avec les oiseaux dans les cheveux est en effet à mettre au compte du pessimisme flaubertien et de son sentiment de la hideur de la vie. L'Education sentimentale, roman de formation, appelle la figure de l'initiateur. Ici, on ne voit que l'un d'eux, Rosanette (l'autre étant Madame Arnoux), qui entraîne Frédéric dans la fête. Ce bal est l'emblème des plaisirs de la vie parisienne, en passant par le malaise et le sentiment d'abandon relatif à Madame Arnoux. On peut suivre en effet les progrès chez le protagoniste de sa soif de plaisirs. [...]
[...] En fait, cette tentation n'est qu'un atermoiement de plus dans le destin aléatoire de Frédéric. Ainsi cette scène s'inscrit-elle parfaitement dans la discontinuité et l'irrésolution qui caractérisent le parcours du protagoniste. Flaubert entre en rivalité avec Balzac, son illustre devancier, qui avait déjà traité le thème de l'orgie, avec notamment l'orgie chez Taillefer, dans La Peau de chagrin. Flaubert nous offre ici un traitement réussi de ce sujet ardu : ce texte est un morceau de bravoure où il s'agit pour l'écrivain de déployer tout son talent. [...]
[...] Une connotation érotique des oiseaux est ici évoquée (rôle de la volière entre Delmar et Rosanette dans les pages qui suivront). Ici les femmes aux épaules nues qu'éclaboussent les hommes avec leurs bouteilles de champagne. Flaubert ne peut guère aller plus loin sans déroger à la bienséance : n'oublions pas qu'il a été jugé pour obscénité à la suite de la publication de Madame Bovary, livre pourtant bien moins osé que ce passage. Cette fête chez Rosanette a lieu alors que la fille de Madame Arnoux est malade. [...]
[...] La stichomythie entre le Chevalier et le Postillon parodie en effet les altercations entre héros de l'épopée : cette reprise ironique d'un motif du genre héroïque est proprement burlesque. Plus loin, les musiciens étant partis, la musique elle-même est une parodie de musique, une musique d'amateurs. Plus nettement, voir Rosanette en Maréchal et une femme commander à deux hommes sur un ton martial, relève d'un comique de contre- emploi. Finalement cette scène est surtout grotesque, à l'image du clown qu'est devenue la débardeuse et de la Vatnaz qui tape sur le piano comme un cheval qui piaffe Flaubert, ironiquement, accentue le caractère caricatural des silhouettes et des postures. [...]
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