Fin de partie, pièce de Samuel Beckett, relate l'histoire de trois personnages infirmes Hamm, Nell et Nagg, et de Clov, valet et fils adoptif de Hamm, le seul des quatre personnages à pouvoir se déplacer bien que difficilement. Tous vivent dans une maison qui semble située dans un monde désert et apocalyptique. L'intrigue, s'il y en a une, tourne autour d'une étrange interdépendance entre les personnages et de la « fin », fin de cette relation, de cette soumission, de cette vie ou de cette partie d'échec. Discours sans ordre logique apparent, répétitifs et percés de silence jouent un rôle primordial et ponctuent l'ensemble de la pièce. De plus, Fin de partie, constitue l'exemple par excellence de la fusion des genres, souvent pratiquée par l'auteur. Une fusion de genres littéraire qui s'imbriquent et qui parviennent à trouver une certaine unité. En effet, Fin de partie réunit à la fois le théâtre, le roman mais aussi la poésie. Cette assimilation du roman et de la poésie dans le théâtre apparaît comme une sorte d'asservissement puisque, sur un mode qui ne permet pas de les dissocier, les deux genres viennent servir l'intrigue générale de la pièce. Le récit de Hamm est, de toute évidence, une sorte de mise en intrigue des différents évènements qui l'ont amené à recueillir un enfant dont la vie semblait menacée. Dès lors, on suppose aisément que Clov pourrait être cet enfant recueilli et par conséquent le fils adoptif de Hamm.
[...] De plus, cette nouvelle esthétique se caractérise également par le style du monologue. Clov entame son monologue en adoptant un « regard fixe » et une « voix blanche », contrairement à Nagg et Hamm qui adoptaient respectivement une « voix de raconteur » et une « voix de narrateur ». En cela, le récit de Clov se démarque des deux autres récits de la pièce, et ce à tous les niveaux. Son discours présente une esthétique où tout ce qui appartient au monde extérieur doit être maintenu en dehors de l'espace intérieure, où la première personne est prépondérante sur tout mais aussi où « les mots ne savent rien dire » et seule leur position prime.
En outre, ce monologue est marqué par la prédominance du présent, un présent qui ne raconte pas (« on m'a dit ça c'est l'amour ») mais qui n'écarte pas pour autant le projet ni les remarques (« Mais je me sens trop vieux »). C'est un discours qui se situe à mi-chemin entre le passé de Clov, traité par le passé composé, et un futur invraisemblable, qui a peu de chance de se concrétiser (...)
[...] Le Monde et le pantalon, Samuel Beckett, Editions de Minuit Ibid. Fin de partie, Samuel Beckett, Editions de minuit p.11 Ibid. p36 P.65 à 73 ; p à 81 ; allusion au roman p.89 et enfin p.108 à 110. Pages 90-91 Page 81. Page 68. Pages 66-67, Pages 78-79 Pages 77-78 Page 53 Page 103 Page 75 Pages 68-69 Page 72 Pages 70-71 Page 71 Page 72 Page 109. Page 71. Pages 90-91 Pages 106-107 Pages 106-107 Pages 105-106 Page 105. Pages 60-61. [...]
[...] Il entame, du moins reprends, son roman comme à son habitude, au centre de l'œuvre. En effet, Beckett avait procédé à un découpage de cette pièce en seize séquences lors d'une mise en scène en Allemagne. Le roman de Hamm occupe la huitième séquence. En occupant cette place centrale de l'œuvre, la supériorité de Hamm s'affirme, d'autant plus que lui-même veut être au centre de la scène. De plus, c'est un personnage qui domine de par ses interventions : c'est lui qui s'exprime le plus par rapport aux autres personnages. [...]
[...] Hamm. Quoi ? Qu'est-ce que tu ne pouvais pas savoir ? Nagg. Que ce serait toi. (Un temps). Tu me donneras une dragée ? Hamm. Après l'écoute. Nagg. Juré ? Hamm. Oui.[14] Dans la deuxième occurrence du roman, Clov feint d'écouter Hamm jusqu'à lui faire croire qu'il s'informe de l'avancée de son histoire : Clov. [...]
[...] De plus, dans le deuxième énoncé du roman de Hamm, Beckett s'attache à mettre en scène un personnage quelque peu modeste qui cherche à séduire et qui souligne les effets d'un effort créateur prolongé En outre, le récit exerce une fonction phatique dans la mesure où il ne cherche pas à communiquer un message mais à maintenir le contact entre le locuteur et le destinataire ; autrement dit, il cherche à maintenir la présence de l'autre sur la scène. En effet, par exemple, dans la première apparition du roman, Hamm maintient Nagg en écoute en lui promettant une dragée Clov. Il [Nagg] ne veut pas écouter ton histoire. Hamm. Je lui donnerai un bonbon. Clov se penche. [...]
[...] La liberté créatrice ne trouve pas sa place. L'occurrence récurrente ça présente dans le monologue de Clov est entièrement détachée et impersonnelle, elle brise toute tentative de faire œuvre. Rien ne dépend de rien, ni de personne, ça va tout seul Si l'on pense à Le Monde et le pantalon, on constate que le discours de Clov marque définitivement la fin des valeurs habituellement inhérentes à la création artistique comme les valeurs humaines : Clov (regard fixe, voix blanche). On m'a dit, Mais c'est ça, l'amour, mais si, mais si, crois-moi, tu vois bien que Hamm. [...]
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