Le Fils de la servante, August Strindberg, relations familiales, relations conflictuelles, autobiographie, figure paternelle, éducation stricte, construction de l'identité, solitude, culpabilité
Écrit en 1886, Le fils de la servante est un roman aux accents autobiographiques qui recueille les expériences de l'enfance et de l'adolescence d'August Strindberg. Bien que l'auteur reconnaisse explicitement dans le prologue que les événements racontés correspondent à ses propres expériences, il avertit également que la sincérité absolue lors de leur narration n'est pas humainement possible. Cependant, il est facile de deviner que le caractère tumultueux et souvent contradictoire de l'auteur suédois a eu son germe dans ces premières années où il a vécu dans un état permanent de malheur et, surtout, de lutte.
[...] Cette bataille intérieure nous sensibilise à nos propres conflits et combats quotidiens. Strindberg proteste fermement contre l'idée de la famille comme cellule fondamentale du corps social. L'arbitraire, l'injustice et l'imposition étaient les lois qui ont régi son enfance, et elles ont été appliquées indistinctement à l'école et à la maison (« et il avoue ce qu'il n'a pas commis »). Ses parents voyaient dans l'indéniable capacité intellectuelle que l'enfant démontrait dès l'enfance quelque chose qu'il fallait exploiter au profit de la famille ; cependant, la personnalité de l'enfant était quelque chose qui faisait obstacle et devait être anéanti. [...]
[...] Cette intimité qu'il crée permet de maintenir le lecteur de l'intrigue et de lui faire prendre son parti. On peut aisément s'identifier à lui et on éprouve envers lui un sentiment d'empathie important. Ce lien va donner envie au lecteur d'en savoir plus et de soutenir ce héros auquel il s'accroche davantage. En toute intimité, il expose ses conflits intérieurs, ses faiblesses et ses doutes pour créer une connivence et de la sympathie comme s'il s'adressait à un ami. Le lecteur peut ainsi se projeter et reconnaître le vrai de ces situations. [...]
[...] Mais son enfance en apparence n'avait pas l'air aussi mauvaise qu'il le décrit. Il se décrit dans le livre comme effrayé, solitaire, affamé et incompris. Il vivait dans une famille assez riche qui vivait bien avec son propre jardin et ses domestiques (« en prenant le relais des bonnes »). Ils sont allés dans l'archipel pendant les étés et les frères et sœurs d'August racontent de nombreux moments heureux. L'ombre d'un père, d'une mère ou d'un frère ou d'une sœur aînée peut définir notre propre identité (« le garçon était extrêmement sensible »). [...]
[...] En définitive, la tension des relations familiales façonnera l'esprit turbulent de l'auteur, mais d'autres passions la marqueront également : la recherche désespérée, presque auto-imposée, de la foi religieuse, une volonté de se débarrasser de lui-même pour se fondre dans la divinité, qui finira par céder drastiquement la place à une exaltation de la raison et de la science. Tous ces conflits ont marqué le caractère du jeune homme. Les peurs et les préjugés de l'époque et l'hostilité de l'environnement dans lequel il a grandi ont marqué son existence à vie, mais ils ont formé une vision très particulière et non conventionnelle du monde qui fait de l'œuvre de Strindberg l'une des plus originales de son temps. Strindberg s'occupe de tous les détails pour garantir un plus grand effet de réalisme. [...]
[...] Ce sentiment pourrait avoir son origine dans les relations malheureuses que l'enfant entretenait avec ses parents (« sa mauvaise réputation était confirmée »). Pour attendrir le lecteur, il prend de la distance en employant la troisième personne pour décrire la scène avec le plus de neutralité possible. Pour réussir son introspection, il base son récit sur l'émotion et le ressenti du lecteur. En tant qu'être humain, on ne peut pas accepter l'injustice d'être puni pour un acte que l'on n'a pas commis. [...]
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