Sa vie durant, Jean Cocteau cherche à retrouver le paradis perdu. Bien sûr, les pères sont peu présents dans son oeuvre. S'ils la traversent, les voilà inexistants, falots, tel le personnage des "Parents terribles". Des pères, il fera tout pour s'en inventer : modèles admirés, oracles dignes de la Pythie comme le furent tour à tour Erik Satie, Raymond Radiguet, Pablo Picasso. Des exemples dans lesquels il se retrouve, grâce auxquels il se façonne une identité.
Au-delà de la notion de père, chaque troupe de théâtre avec laquelle il collabore, chaque équipe de cinéma qu'il constitue autour d'un projet de film, se voit affublée du nom de "famille". Cocteau n'a de cesse de s'imaginer des liens de sang, même s'il s'agit toujours du fameux "sang blanc des poètes" qui l'obsède. Le sang blanc : souffrance et pureté, voire purification. Le poète aux initiales prédestinées se voit en Messie, en Christ rédempteur venu laver la faute originelle, celle qui entache la destinée humaine.
Ainsi, de ses amants, Cocteau veut faire des fils, tentant par là même de reproduire en l'inversant la relation perdue. Mais les choses sont aussi plus compliquées : ses fils sont souvent ses pères, ils l'inspirent et l'influencent (Raymond Radiguet), ils le protègent au besoin de leur puissance physique (Jean Marais, Édouard Dermit) et figurent son lien avec le monde terrestre, lui qui a déjà un pied dans l'au-delà et "vit bien mal sur cette planète " comme il le dit un jour de Klaus Mann. Il cherche en outre à en faire ses "pairs" en les élevant au rang d'artistes de premier plan, sans forcement toujours de discernement : la question n'est pas là.
Du génial Radiguet dont il s'approprie la force créatrice à l'évanescent – mais héroïque – Jean Desbordes, en passant par Jean Marais vaniteux et éclatant ou le discret Édouard Dermit qui dédiera sa vie à la diffusion de son oeuvre, Jean Cocteau s'efforcera de faire des poètes, des écrivains, des acteurs ; les héros de son Panthéon intime.
[...] Six hommes se précipitent sur Cocteau qui reste stupéfait : Alors Cocteau, on ne salue pas le drapeau français ! Le poète est en sang, l'œil atteint. On l'emmène dans une petite pharmacie près de la place de la Madeleine. Le pharmacien le reconnaît : Que vous est-il arrivé M. Cocteau ? Et le poète de lui répondre : Un compèreDoriot ! 26 Nous nous sommes fait du mauvais sang et ce mauvais sang nous désagrège. Cinq ans de haine, de craintes, de réveils en plein cauchemar. Cinq ans de honte et de boue. [...]
[...] Ce qui est amusant, c'est qu'on a jamais été payé pour faire ce film. Il a vraiment été réalisé avec des bouts de ficelle. Si tu avais vu ! Et maintenant c'est un classique. Il y avait bien parfois des imprévus sur les tournages . Oui, mais ça ne fait rien. Il les intégrait dans le film. Comme à la fin de Parents terribles, il s'était rendu compte seulement au montage que la caméra était mal calée pour le travelling arrière final. [...]
[...] Un de ces signes du destin dont Jean Marais est friand. Il se renseigne : les dessins sont de Jean Cocteau. Cela se passe bien avant la rencontre entre les deux Jean. De Cocteau, Marais a lu Les Enfants terribles. Il a assisté aussi à une représentation de La Machine infernale avec Jean-Pierre Aumont, Louis Jouvet, Marthe Régnier. Bien sûr, Marais aimerait déjà, secrètement, pouvoir jouer dans une pièce du poète. Mais pour cela il faudrait le rencontrer, le connaître, et comment faire ? [...]
[...] Cocktail Théâtre, diffusion Actes Graphiques Christian Soleil, Jean Cocteau, le bonheur fabriqué, tome Profils d'anges, éd. Action Graphique Christian Soleil, Jean Cocteau, le bonheur fabriqué, tome Le Pluriel et le singulier, éd. Action Graphique Christian Soleil, Jean Cocteau, le bonheur fabriqué, tome Le Revers de la médaille, éd. Action Graphique Christian Soleil, Jean Marais, la Voix brisée, éd. Action Graphique Christian Soleil, Raconte-moi Jean Cocteau, éd. Ancre et Encre Christian Soleil, Jean Cocteau, un glorieux méconnu, éd. Edilivre Claude Arnaud, Jean Cocteau, éd. [...]
[...] En fait, un support pour attaquer Breton et sa suite. Mais bientôt, rencontre décisive et sans doute la plus marquante de la vie de Jean Cocteau, apparaît Raymond Radiguet. Et rien ne sera plus jamais pareil CHAPITRE 2 J'ai trop voulu être et j'ai oublié de vivre. Jean Cocteau Radiguet, éphèbe étrange et peu affectueux, fascine Cocteau qui en tombe immédiatement amoureux. Sans ouvrir la bouche et par le seul mépris de son regard myope, de ses cheveux mal coupés, de ses lèvres gercées, il nous battait tous «L'apparition de Raymond Radiguet date de 1918, raconte Cocteau. [...]
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