Molière, théâtre, Les Femmes savantes, 1672, élévation, savoir, domination masculine, Madeleine de Scudéry, patriarcat, émancipation des femmes, élévation des femmes, obéissance, ordre social, intellectuel, mère, espace domestique, femmes
La société du XVIIe siècle, très patriarcale, n'accordait pas de place aux femmes. Or, celles-ci ont peu à peu acquis un rôle plus important qu'auparavant dans le développement du savoir, ce qui a permis de faire apparaître, dans le domaine de la littérature notamment, la persona féminine. Cette figure est celle de la « femme savante ». Elle représente le savoir et a été élaborée en 1653 par Madeleine de Scudéry.
On peut lire, dans Les Femmes savantes, de Molière, que les femmes placent le savoir au centre même de leur vie, mais qu'à lui seul il ne peut leur permettre de s'élever et laisse donc place à une vie feinte. On cherchera alors à savoir si les femmes peuvent, ou non, s'élever, grâce au savoir, au rang des hommes ou si elles sont contraintes de vivre de manière fictive.
[...] Malgré cela, on comprend rapidement qu'elle est tiraillée entre son désir de savoir et son amour pour Clitandre. En effet, on apprend en lisant la pièce qu'elle a repoussé plusieurs fois Clitandre, qui a donc choisi d'épouser sa sœur, Henriette. Armande, qu'on peut qualifier de précieuse, repousse le corps comme étant bas, mais veut quand même être aimée. Molière met donc au jour le « refoulé » de cette précieuse. Il la démasque aux yeux des spectateurs et leur permet d'entendre sa contradiction intérieure. [...]
[...] Scudéry défend le savoir des femmes, mais pas n'importe quel type de savoir. Celui-ci doit être construit autour des codes de conduite imposés aux femmes de l'époque, en cela, la figure de la « femme savante » qu'elle a construite s'oppose à Armande, mais aussi aux autres femmes savantes de la pièce. On comprend ainsi que l'élévation par le savoir est réfrénée par la définition même de « femme savante », qui restreint leur pouvoir. Finalement, le dernier à restreindre l'émancipation des femmes par le savoir est le dramaturge lui-même. [...]
[...] La moquerie autour du personnage de Philaminte est entretenue par la représentation scénique de la Comédie française notamment, qui met en scène la maîtresse de maison en train de manger - c'est-à-dire, en réalisant un acte lié à la bassesse du corps - tout en critiquant cette bassesse et en prônant l'élévation par les connaissances. Ainsi, on peut dire que les trois femmes tentent de s'élever par le savoir, mais elles sont tournées en dérision par la pièce. L'émancipation par le savoir est difficile à atteindre pour ces femmes savantes, notamment pour la plus jeune d'entre elles, Armande. [...]
[...] On peut, ainsi, lire au vers 459, les raisons pour lesquelles Philaminte l'a renvoyé : « Elle d'une insolence à nulle autre pareille, après trente leçons, insulté mon oreille, par l'impropriété d'un mot sauvage et bas qu'en termes décisifs condamne Vaugelas ». Philaminte, grâce à son statut, prend la décision de renvoyer la servante de cuisine. Elle a donc un pouvoir que d'autres femmes n'ont pas. Les femmes savantes veulent « s'élever » grâce au savoir et pensent pouvoir le faire « réellement ». [...]
[...] Philaminte n'est pas la seule femme de la pièce à s'être « élevée » par son savoir. Effectivement, les femmes savantes s'opposent aux autres femmes de la pièce par leurs connaissances. Elles s'opposent, par exemple, à Henriette, ou encore à Martine. En cela, les femmes savantes paraissent dépasser les femmes « normales » qui ne vivront que les « grossesses et l'obéissance ». Elles, elles ne veulent pas vivre seulement cela. La présence en scène des personnages nous permet de dire qu'Armande ou Philaminte apparaissent plus de fois dans la pièce qu'Henriette ou Martine. [...]
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