Les faux-monnayeurs, André Gide, exercice de style, roman, lecteur, discours sur la création de la fiction, imbroglios sentimentaux, concours agrégation de lettres modernes
Les Faux-Monnayeurs ont été au programme du sélectif concours de l'agrégation de lettres modernes en 2013 et figuraient déjà au début du millénaire (2001-2002) au programme des classes préparatoires scientifiques (le thème de l'amitié étant alors choisi comme axe d'étude). Cela suffit à montrer que la confiance que le ministère de l'Éducation nationale au roman de Gide, mais aussi de sa difficulté : on confie son étude chaque fois à des sections d'élite ou des enseignants au solide niveau de qualification. Cela suppose qu'il y a matière à étudier dans ce roman, et que ce n'est sans doute pas un roman de pur divertissement. De là, le qualifier d'exercice de style… Le roman de Gide, son "seul roman" qu'il qualifie lui-même de "carrefour de problèmes" n'est-il donc qu'un défi formel et rien d'autre ? Ou bien sa complexité ne réside-t-elle finalement pas dans sa capacité à ne se laisser enfermer ni dans des enjeux de fond ni des enjeux de forme ? Les Faux-Monnayeurs obéissent à des contraintes formelles : le roman "touffe" se traduit par la multiplication des personnages et des intrigues : le trafic de fausse-monnaie, les imbroglios sentimentaux (Vincent/Laura/Lady Griffith, mais aussi Édouard/Olivier ou encore Bernard/Laura) ou familiaux (chez les Profitendieu comme chez les La Pérouse). Le lecteur peine aussi à hiérarchiser les personnages qu'il croise (Caloub est-il si secondaire quand on voit qu'il ouvre, mais surtout ferme le roman ?) Le dédoublement des lieux (Paris vs Saas-Fé) n'aide d'ailleurs pas à la compréhension.
[...] Si le roman est impossible, il est frappant que le romancier dès lors ne se puisse plus penser comme romancier : Gide se voit (JFM juin 1919) « comme un musicien qui cherche à juxtaposer et imbriquer, à la manière de César Franck [ . ] », ce que semble corroborer Édouard dans les FM : « Et je ne vois pas pourquoi ce qui fut possible en musique, serait impossible en littérature . », mais Édouard lui se voit bien toujours en romancier. Celui qui se voit comme un romancier n'écrira pas de livre, celui qui se pense musicien a fini son roman. [...]
[...] Plus qu'en exercice de style, les FM sont peut-être la preuve qu'une nouvelle société est en train de naître : le monde appartient aux bâtards, les revues littéraires (l'Avant-garde) sont dirigées par des faux-monnayeurs et les romans aux musiciens. [...]
[...] Les Faux-Monnayeurs obéissent à des contraintes formelles : le roman « touffe » se traduit par la multiplication des personnages et des intrigues : le trafic de fausse-monnaie, les imbroglios sentimentaux (Vincent/Laura/Lady Griffith, mais aussi Édouard/Olivier ou encore Bernard/Laura) ou familiaux (chez les Profitendieu comme chez les La Pérouse). Le lecteur peine aussi à hiérarchiser les personnages qu'il croise (Caloub est-il si secondaire quand on voit qu'il ouvre, mais surtout ferme le roman ?) Le dédoublement des lieux (Paris vs Saas-Fé) n'aide d'ailleurs pas à la compréhension. [...]
[...] S'engage aussi une réflexion sur la notion de contingence et de liberté : le fait de conclure le roman avec Caloub pourtant mineur jusque-là, semble laisser augurer d'une suite qui pourtant ne viendra pas (aucun autre opus ne viendra compléter les faux-monnayeurs, œuvre unitaire) : le lecteur est donc réduit à l'impuissance et la frustration (devant accepter que tout lui échappe) ou au mieux, à l'acceptation d'un champ des possibles ouvert à 180 ° pour Caloub (qui peut entamer une formation sur le modèle de celle de Bernard ou bien faire son propre apprentissage, tout à l'inverse). III. Les FM, une pure utopie ? [...]
[...] Les Faux-monnayeurs (André Gide, 1925) ne sont-ils qu'un exercice de style ? Les Faux-Monnayeurs ont été au programme du sélectif concours de l'agrégation de lettres modernes en 2013 et figuraient déjà au début du millénaire (2001-2002) au programme des classes préparatoires scientifiques (le thème de l'amitié étant alors choisi comme axe d'étude). Cela suffit à montrer que la confiance que le ministère de l'Éducation nationale au roman de Gide, mais aussi de sa difficulté : on confie son étude chaque fois à des sections d'élite ou des enseignants au solide niveau de qualification. [...]
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