Les Faux-monnayeurs - André Gide (1925) : la manifestation du diable dans une oeuvre littéraire

Thèmes abordés

Les Faux-monnayeurs, André Gide, manifestation du diable dans une oeuvre littéraire, création romanesque, univers manichéen, visée didactique, Strouvilhou, bien et mal, personnages maléfiques, symbolique du démon, Ruy Blas, Baudelaire

Résumé du document

Nous tâcherons de commenter des citations d'André Gide, prononcées lors de ses conférences sur la création romanesque : "il n'y a pas d'oeuvre d'art sans collaboration du démon. Oui, vraiment, toute oeuvre d'art est un lieu de contact ou si vous préférez est un anneau de mariage du ciel et de l'enfer". "Il n'y a pas d'oeuvre d'art sans participation démoniaque". Nous discuterons ces citations en appuyant notre réflexion sur nos connaissances personnelles en littérature et dans la création romanesque en général.

Du latin daemon et du grec daimôn, le démon est souvent associé au diable, à l'enfer, et plus largement au mal. En littérature, il désigne un génie qui semble nous guider, une voix intérieure. Ainsi, pour Gide qui se dit ne pas créer ses personnages, mais "les regarder agir", cette figure du démon peut servir à corrompre ou au contraire à éclairer certains de ses personnages.

Extraits

[...] Le personnage de Ruy Blas par exemple, est issu du peuple. Lorsqu'il arrive au pouvoir et qu'il se trouve face à des ministres corrompus, il ne comprend pas, il s'indigne que des personnes puissent agir ainsi c'est-à-dire en ne pensant qu'à leurs intérêts. Ruy Blas connaît la chance des ministres, car lui-même n'a jamais connu une vie aisée, mais les ministres, eux, ont toujours vécu dans le luxe. Dans le roman Siddhartha d'Hermann Hesse, c'est après avoir connu la souffrance physique auprès des samanas, qui se détachent de tous leurs biens matériels et sentimentaux, et la débauche sous l'emprise du Samsara, qui le pousse à boire, à devenir matérialiste et à avoir une femme, que Siddhartha finit par trouver la paix intérieure, auprès de la nature. [...]

[...] La charogne, qui est un corps en putréfaction, est alors assimilée à l'érotisme d'une femme. Déjà dans le titre de son ouvrage, Baudelaire montrait sa volonté d'extraire la beauté (les fleurs) du Mal (le laid, le mauvais). Le bien et le mal peuvent être comparés au Spleen et à l'Idéal : le Spleen faisant référence à un état de mélancolie profonde, caractérisée par un grand dégoût, et dont Baudelaire ne trouve que difficilement des remèdes. L'Idéal fait référence à une certaine transcendance, un courant idéaliste existant déjà à l'époque de Platon, et dont Baudelaire reprend l'idée d'un monde en ordre et fait de beauté. [...]

[...] Dans Les Faux Monnayeurs de Gide, les personnages totalement mauvais semblent être Passavant et Strouvilhou. En effet, Strouvilhou est à l'origine du meurtre de Boris puisque c'est lui qui a perverti le petit Ghéridanisol. De plus, c'est un falsificateur et un escroc. Passavant, lui, est un manipulateur, qui se sert de Vincent et d'Olivier pour usurper leurs idées. Il va être à l'origine de la perte de Vincent, et tente de corrompre Olivier ainsi qu'Armand et plus généralement la jeune génération. [...]

[...] Maintenant, parlons du lien indissociable qui existe entre le bien et le mal dans les œuvres littéraires. A. Mêler bien et mal donne plus de profondeur aux personnages qui ne sont « ni totalement bons, ni totalement mauvais » (ex : Phèdre, Édouard dans les FM) Tout d'abord, mêler bien et mal permet de donner plus de profondeur aux personnages. En effet, il ne peut pas exister de personnages totalement méchants. Dans la vie réelle, nous sommes tous porteurs de multiples facettes. [...]

[...] Le jour, il est un prêtre dévoué, et la nuit, il est un homme amoureux. Cette femme, ou plutôt sa conscience, l'envoûtent et il ne sait plus quoi penser. Elle représente bien le diable puisque, bien qu'elle lui fasse vivre une expérience incroyable la nuit, elle le tourmente et le fait douter de sa foi. D'ailleurs, ce n'est qu'après avoir eu son corps exorcisé que la femme cessera de le hanter. La figure du démon apparaît donc comme quelque chose d'abstrait, qui peut avoir une influence sur le personnage. [...]