Lancelot et Perceval sont deux des héros les plus connus du cycle arthurien. Chevaliers du Roi Arthur, ils connaissent des aventures plus exceptionnelles les unes que les autres selon les versions. Lancelot, célèbre amant de la Reine Guenièvre, est considéré dans la plupart des versions comme le meilleur chevalier du monde, capable de prouesses extraordinaires, du moins jusqu'à la Queste del saint Graal, dans lequel il est surpassé par son propre fils Galaad et plus encore, déchu de son statut d'homme vertueux. Perceval, quant à lui, apparaît dans le Conte du Graal comme le chevalier naïf par excellence, dont le roman va servir d'apprentissage. Si Perceval semble également capable de magnifiques prouesses malgré son inexpérience, il n'en demeure pas moins maudit d'une certaine façon. S'il voit le Graal, il demeure incapable de poser la question salvatrice, et ce, parce que son âme, comme celle de Lancelot, est corrompue par le péché. Deux valeureux chevaliers donc, mais surtout deux péchés bien différents l'un de l'autre et qui vont les empêcher d'atteindre le Saint Graal. Les deux héros vont alors s'engager sur la voie de la rédemption, la seule capable de leur faire découvrir les secrets du Graal. En quoi peut-on alors comparer la faute et la rédemption de Lancelot et de Perceval ? Nous verrons donc en quoi nos deux héros se rendent coupables de deux pêchés très différents l'un de l'autre mais dont la révélation est similaire et provoque une rédemption profondément chrétienne.
[...] A la pénitence divine et spirituelle celle de ne pas finir les aventures du Graal- s'ajoutera par la suite une pénitence physique par l'intermédiaire de la haire et du jeûne réclamés par un second ermite (page 131). Des éléments identiques apparaissent dans la rédemption de Perceval, la didactique chrétienne étant la même. Tout comme Lancelot, Perceval ne trouve les moyens de son repentir qu'à partir de sa rencontre avec un ermite qui n'est autre que son oncle. Il est cependant à noter que cette rencontre a lieu tardivement –après une ellipse de cinq ans tandis que celle de Lancelot intervient beaucoup plus rapidement. [...]
[...] Quant au silence de Perceval, il lui est largement reproché tout au long du Conte par divers protagonistes. Pourtant, nos deux héros ne comprennent pas tout de suite la signification de cet échec. Perceval est certes très déçu de ne pas avoir satisfait son désir de savoir mais il faudra attendre sa rencontre avec sa cousine pour qu'il comprenne la valeur de cet évènement. Quant à Lancelot, il ne met que quelques instants à comprendre la portée réelle de ce qu'il prend au départ pour un songe. [...]
[...] La jeune fille et l'ermite sont à rapprocher l'un de l'autre, Chrétien de Troyes y ajoutant une dimension familiale. La première s'avère en effet être la cousine du héros, tandis que le second n'est autre que son oncle. C'est pourquoi eux seuls rapprochent l'échec de la faute originelle, c'est-à-dire la mort de la mère. Néanmoins, qu'il s'agisse de la Queste ou du Conte, ces personnages n'en demeurent pas moins de parfaits stéréotypes de messagers, voire de guides spirituels Le mythe du Graal est profondément lié à la religion chrétienne, du moins dans la Queste et le Conte, et ce, bien qu'il y mêle à la fois christianisme et paganisme. [...]
[...] Mais avant d'achever la Queste, l'auteur choisit de signifier le sort spirituel de Lancelot au lecteur. Afin de donner toute sa valeur d'exemple au héros, l'auteur a fait le choix du pardon divin. Certes, Lancelot ne pourra découvrir par lui-même les secrets du Graal car il demeure impur. Mais bien que entechiez de mal vice (page 201), il aura la permission de monter dans la nef en compagnie de Galaad et d'y demeurer pendant six mois avant de faire ses adieux à son fils. [...]
[...] Par leur dimension essentiellement didactique, il serait logique de voir nos deux héros triompher de leurs erreurs passées et parvenir à leur but originel : la quête du Graal. En effet, leur rédemption est telle qu'elle devrait leur permettre d'obtenir le pardon divin, symbolisé par le Graal. Si les aventures de Perceval n'ont pu être terminées par Chrétien de Troyes faute de temps, il est légitime de penser qu'il voulait donner une seconde chance au héros de parvenir à sauver le Roi Pécheur et sa terre d'un grand malaureus Car la faute de Perceval peut être interprétée comme une conséquence de son ignorance et de là, comme une étape indispensable à son apprentissage. [...]
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