L'opinion se définit généralement comme une croyance, un avis, un point de vue. Lors d'une discussion, on donne son avis ou on échange des opinions avec ses interlocuteurs. Mais, comme l'expression point de vue le montre, l'opinion semble immédiatement relative à chaque individu, à sa manière de voir les choses. A la différence d'un véritable jugement, elle reste sans fondement et ne relève pas d'une connaissance rationnelle. Ce qui caractérise donc l'opinion, c'est son absence de certitude. Mais peut-on lui faire confiance ? En un sens non, puisque sans fondement, elle est vue comme un avis nourri par la croyance, les premières impressions, les différentes cultures, les différentes classes sociales ou encore les préjugés. Elle s'éloigne de la connaissance vraie puisqu'elle ne peut pas rendre raison d'elle-même.
[...] Un régime tel que la démocratie repose sur l'opinion du peuple. Le pouvoir politique doit quand même prendre en compte l'opinion car c'est elle qui reflète les problèmes qu'il doit traiter. N'oublions pas qu'en démocratie, qui est un régime représentatif, nous ne déléguons pas sa volonté individuelle mais simplement l'élaboration des lois publiques. Nous élisons des gens pour qu'ils nous représentent, c'est à dire pour qu'ils prennent en compte notre opinion d'une manière ou d'une autre. Rousseau dans Le Contrat social fait la différence entre intérêt privé et volonté publique. [...]
[...] Ne peut-on pas parler d'opinion vraie ? L'opinion peut posséder déjà un certain degré de vérité en distinguant l'opinion de l'erreur. Une erreur est une affirmation donnée comme vraie et qui n'est pas conforme aux normes logiques de la vérité, l'opinion quant à elle est incertaine, non fondée rationnellement, mais n'est pas nécessairement fausse. Lorsque Bachelard critique l'opinion, c'est au cœur d'une réflexion sur la connaissance scientifique sur l'opinion qu'il agit. C'est ainsi à partir d'une certaine conception de la vérité que la critique est construite. [...]
[...] Toutefois, il ne faut pas oublier que l'opinion est définie comme étant insuffisamment démontrée, comme étant incertaine ou simplement probable. Mais, il se peut que par un raisonnement scientifique, une opinion puisse dès lors devenir une certitude et l'opinion est ainsi dépassée. Et dépasser les opinions, n'est-ce pas là le travail de la philosophie ? [...]
[...] Faut-il s'en méfier ? D'emblée, l'opinion paraît ainsi s'opposer à la vérité qui, elle, est certaine et indubitable. Elle est considérée comme étant le règne de l'apparence, du préjugé et de l'idée toute faite. Il vaut mieux donc ne pas se fier uniquement à la vérité et se méfier de l'opinion. Mais pourquoi ? Est-elle mauvaise ? Nous pouvons, ici penser au célèbre texte de l'allégorie de la caverne dans lequel Platon nous dépeint des prisonniers attachés au fond d'une caverne, liés par leur corps, prisonniers de leur sens. [...]
[...] Un autre argument nous incite à nous méfier des opinions et à ne leur accorder aucun crédit : leur caractère irrationnel. Si la présence des opinions témoigne d'une faculté de penser propre à l'homme, l'origine des opinions ne semble pas résider dans la raison mais plutôt dans les passions, les sentiments. Platon montre qu'un rhétoricien comme Gorgias se dit capable de modifier les opinions des individus grâce à la puissance de son langage. Dès lors, l'opinion peut devenir un instrument de domination dangereux si nous renonçons à notre conscience critique, et si nous remettons en question la valeur de nos propres opinions en dépit de celles des autres. [...]
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