Les trois pièces de Beckett sont étroitement liées aux événements de l'humanité que nous pouvons qualifier de tragiques. Le XXe siècle a déjà connu deux guerres, la Shoah et la bombe atomique lorsque le dramaturge compose sa trilogie. Beckett tente d'exprimer au mieux de sentiment du tragique. Cependant, il n'est plus question d'un tragique lié à la transcendance comme chez Euripide, Sophocle et Eschyle ou aux passions comme chez Racine. Les lecteurs et les spectateurs se trouvent confrontés à de nouveaux types de tragique.
Dans les pièces de Beckett, les personnages souffrent et font souffrir. Il n'est pas question d'une quelconque entraide, d'amour, d'affection, d'amitié, de compassion. On pleure, on se frappe, on s'insulte. Les personnages se fréquentent dans l'unique but de survivre.
[...] Il n'est pas question d'une quelconque entraide, d'amour, d'affection, d'amitié, de compassion. On pleure, on se frappe, on s'insulte. Les personnages se fréquentent dans l'unique but de survivre. Ainsi, ils se donnent la réplique car le dialogue, aussi absurde et inconsistant soit-il, demeure nécessaire : Dans Fin de Partie, nous pouvons lire 79/80) : Clov- A quoi est-ce que je sers ? Hamm - A me donner la réplique. De plus, Beckett sait parfaitement nous retranscrire la souffrance de ses personnages qui perdent peu à peu leur humanité. [...]
[...] Leur parole permet d'agir sur ceux qui les entourent. Les personnages de Beckett parlent pour exister, de façon incohérente et pour ne rien dire *Remaniement des fondamentaux classiques : Enfin, lorsque Beckett fait appel à la littérature classique, aux fondamentaux qui le précèdent, il les remanie et les ridiculise. Nous en donnerons trois exemples : Lorsqu' Estragon décline son identité, il se présente sous le nom de Catulle, un poète latin. De même, il recycle la célèbre formule du personnage shakespearien Richard III : Un cheval ! [...]
[...] - Le tragique du non-sens : Le deuxième type de tragique présent dans la trilogie beckettienne serait celui du non-sens. Les personnages et les spectateurs nagent au sein d'une absurdité totale. On assiste à la dissolution de la mémoire des personnages (Estragon ne se rappelle pas qui il a croisé la veille ni ce qu'il a fait, ne se souvient pas non plus la raison qui le pousse à rester au même endroit, car ce prétexte est absurde : il attend Godot. [...]
[...] Ils n'ont par ailleurs ni projet, ni volonté dans le temps, ni de raison d'être où ils sont : tous mènent une lutte quotidienne contre le néant. Ils demeurent dans une attente perpétuelle et l'on assiste à un jeu indéfiniment rejoué. Il serait même vain pour le lecteur d'être à la recherche d'une signification de ces trois œuvres beckettiennes. Cette trilogie est une grande question. Hamm - On n'est pas en train de de signifier quelque chose ? Clov Signifier ? Nous, signifier ? (Rire bref). Ah elle est bonne ! [...]
[...] Mais il n'est pas question pour autant d'humour léger. Le comique chez Beckett atteint souvent son paroxysme pour devenir tragique. Le lecteur/spectateur assiste à une lutte continue entre la bouffonnerie et le tragique. En effet, le dramaturge s'exprime ainsi dans les Mirlitonnades, recueil de poèmes composé de 1976 à 1978 : en face le pire en face le pire jusqu'à ce qu'il fasse rire Certaines créatures ressemblent à des clowns : Hamm, Clov, Nell et Nagg sont fardés. Les deux compères Didi et Gogo (tels sont les surnoms que se donnent Vladimir et Estragon) portent des haillons, un pantalon trop court, des chaussures qui bâillent. [...]
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