Faust au village est un recueil qui regroupe sept nouvelles, dont celle qui porte le titre de Faust au village – auparavant intitulée L'Histoire du camionneur. Quelques unes de ces nouvelles ont été publiées en revue, et c'est le cas de Faust au village (« La Table Ronde », 1950). Jean Giono n'est pas un écrivain fantastique mais la nouvelle Faust au village est à la limite de l'étrange
[...] L'autre, dans son altérité, est l'inconnu. Dans Faust au village, c'est la rencontre du narrateur avec un mystérieux voyageur, qui semblerait être une incarnation du Diable. De même, dans La Croix, il y a la rencontre de Catherine avec trois garçons étranges venus de loin, allant dans une direction inconnue et portant sur leur dos une énorme croix de bois, celle du Christ. Ces deux exemples ne sont pas isolés dans le recueil de nouvelles, tout comme le thème de la rencontre étrange ou non se vérifie dans l'œuvre entière de Jean Giono. [...]
[...] Je dis : Vous avez de la chance : je me suis arrêté par hasard Il me dit Je vous ai fait signe Je dis : Je me suis arrêté parce que j'ai été ébloui Il me dit : Vous voulez me porter jusqu'à la gare de Lus ? Je ne pensais pas du tout à l'homme. Quand je l'ai vu. Sous son peuplier. Le même. Il m'a fait signe. Je me suis arrêté. J'étais soufflé Vert sombre. Mon bonhomme est là. Il me fait signe. [...]
[...] Le fantastique est alors un exercice d'imagination. Mais un exercice d'imagination tout de même particulier puisqu'il s'agit de sortir, d'aller hors le cours ordinaire des choses et de la nature. D'où, évidemment, le fait que cette définition rejoigne celle de l'extraordinaire puisqu'il s'agit de perturber, d'interchanger l'ordinaire. Or, l'ordinaire a à faire avec la logique et s'en prendre à l'ordinaire, c'est s'en prendre à la logique. C'est ce qu'explique Roger Caillois : Une situation qui se répète est le fondement du fantastique Le fantastique tient donc à une logique qui s'emballe, à une logique soudain devenue folle, ce que de nombreux textes littéraires fantastiques et celui de Jean Giono n'échappe pas, mais volontairement, à la règle mettent en avant, par le biais de la climatologie notamment. [...]
[...] Faust au village fonctionne exactement de la même façon. Faust au village est un apologue, une fable de la création littéraire, du vide à combler. Jean Giono nous entretient de ce qu'est la vie de l'écrivain. Celui-ci est l'entrepreneur du mystère, de l'au-delà du réel. L'écrivain est fasciné par l'appel de l'ailleurs, sans doute le Néant puisqu'il n'existe pas d'autre réalité du moins connue Roger Caillois, La Duchesse d'Avila Jean Giono, Faust au village, Paris, Editions Gallimard pages, p Idem, p Jean Giono, op. [...]
[...] C'est du domaine du fantastique, avec lequel Jean Giono continue à s'amuser. De même, le personnage mystérieux n'est jamais mouillé alors que les rencontres ont lieu sous la pluie, sous la neige parfois : Est-ce qu'il n'avait pas sa veste à carreaux comme la première fois ? Si. Et est-ce qu'elle était mouillé ? Non. La première fois non plus d'ailleurs. Bizarre. Ce n'est pas le tronc du peuplier qui pouvait beaucoup l'abriter. Il ne donnait pas l'impression d'être mouillé. [...]
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