Les fables et l'éducation

Résumé du document

Les parents ont le rôle d'éduquer leurs enfants, de préférence dans le droit chemin. Pour ce faire, il est essentiel de leur apprendre ce qu'est le vice et ce qu'est la vertu en étant direct et en leur exposant la « vérité nue », selon Rousseau. En ajoutant des artifices à la vérité, le philosophe craint une grave confusion entre le bien et le mal. La Fontaine, rénovateur de la fable, n'adhère pourtant pas à cette thèse. A travers la Préface de ses fables, il expose sa propre théorie qui peut paraître paradoxale : « La vérité a parlé aux hommes par des paraboles, et la parabole est-elle autre chose que l'apologue, c'est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s'insinue avec d'autant plus de facilité et d'effet qu'il est plus commun et plus familier ? ». Comprenons principalement ici que la vérité se transmet à travers des allégories. L'éducation ne se ferait-elle pas grâce à l'addition de la « vraie vérité » de Rousseau et de la métaphore enfantine de La Fontaine ? C'est ce que nous allons démontrer.

Extraits

[...] En effet, il faut des preuves par des faits pour vaincre l'ambiguïté. La Fontaine favorise la fantaisie, le merveilleux et l'irréel tandis que Rousseau n'admet que la vérité brute dite sans aucun ornement. De ces deux thèses nous pouvons tirer quelque chose de positif. Faut-il privilégier l'apprentissage de la réalité en douceur au risque d'importants quiproquos, ou devons-nous nous limiter à un enseignement direct, sans aucune prévention envers les enfants mais qui leur instruira une vérité sans confusions possibles entre le bien et le mal ? [...]

[...] Quelque effort qu'on fasse pour les lui rendre simples [ ] les rend plus difficiles à concevoir nous dit Rousseau en parlant des fables de La Fontaine dans sa critique. En effet, à force de trop simplifier, on s'éloigne de la vérité. Les enfants ne retiendront pas forcément l'essentiel de l'exemple choisit. Autre aspect négatif d'après Rousseau : On leur apprend moins à ne pas laisser tomber [le fromage] de leur bec qu'à ne pas le faire tomber du bec d'un autre. faisant référence à la fable du Corbeau et du Renard de La Fontaine. [...]

[...] C'est là le but du fabuliste. Ainsi nous pouvons donc en déduire que le principal objectif de La Fontaine est de présenter un récit commun et familier. Commun puisque les exemples utilisés ne demandent pas de grandes connaissances au lecteur de part la simplicité des animaux mis en scène et des actions illustrant la morale. L'écrivain n'utilise pas l'extravagance. Familier ensuite car les exemples merveilleux permettent aux lecteurs de s'identifier dans les fables. Par exemple le lecteur mettra facilement en parallèle le Lion et le Roi comme dans Les animaux malades de la peste ce qui permettra à celui qui lit cette fable de s'identifier au peuple et donc aux autres animaux. [...]

[...] La simple réaction du savetier suffira à éclairer la morale. Enfin dans Le Vieillard et les trois jeunes Hommes de La Fontaine, un enfant comprendrait bien le message car dans ce récit il a été confronté à la mort de jeunes gens face à la survie d'un vieillard. Le jeune lecteur se rend compte que la mort ne choisit pas en fonction de l'âge, et ceci sans qu'un adulte n'ai besoin de lui expliquer que la mort est un phénomène naturel et imprévisible ; éclaircissement qui aurait sans doute engendré un discours plus long et plus fastidieux. [...]

[...] Le merveilleux est l'intrusion acceptée de l'irréel dans le réel. Il enseigne la vérité à travers des animaux : cela permet aux lecteurs, notamment aux plus jeunes, de mieux comprendre les faits. L'auteur n'hésite pas à accentuer et à exagérer les actes pour imiter les humains. Ainsi, la vérité est dévoilée de façon moins violente. Dans le Lièvre et la Tortue, l'enfant va identifier la tortue comme un animal lent et le lièvre comme étant rapide. Le récit fait le reste, cet exemple en étant merveilleux est finalement la plus simple façon d'expliquer à un enfant qu'il ne suffit pas d'être rapide pour être ponctuel mais qu'il est indispensable de partir à point sinon, même les plus véloces sont en retard. [...]