Sous le règne de Louis XIV, on observe la publication, entre 1668 et 1693 des douze livres de fables de la Fontaine, écrivain à la fois satiriste et moraliste. Ces "fictions animales et humaines", mettant en scène végétaux, humains, animaux et parfois objets, rencontrent à la fois de l'admiration, du succès et des critiques : La Fontaine met en scène des traits de caractère et des vices humains, et plus d'un peuvent se sentir visés.
Selon Olivier Leplâtre, la fable « qui est un mensonge » vérifie tous les mensonges des hommes, mais elle dit finalement vrai : son rôle, paradoxal, se limite-t-il uniquement à montrer les mensonges humains, ou n'y a-t-il pas un rôle éducatif caché derrière chaque moralité ?
C'est ce à quoi nous allons nous efforcer de répondre en montrant d'abord le paradoxe de la fable, mêlant mensonge et vérité, puis en décrivant la comédie "que les hommes ou les bêtes montent pour eux-mêmes", pour finir par montrer le rôle éducatif de la fable (...)
[...] Ceci n'est d'ailleurs pas son unique but, puisque La Fontaine donne envie au lecteur, grâce à la poésie de ses fables, de se corriger en commençant par se connaître soi-même, et de voir la vie sous un nouvel angle, celui du bonheur épicurien: mener une vie modeste, tout en profitant des bonheurs que la nature nous offre et en protégeant certains rapports humains tels que l'amitié sincère et le véritable amour. C'est un nouveau mode de vie que La Fontaine nous propose d'adopter. [...]
[...] Elle finit d'ailleurs par éclater et mourir. On peut donc ici parler de “rôle de confort”: les personnages se travestissent pour paraître ce qu'ils aimeraient être mais ne seront jamais, pour se créer un nouveau personnage, une nouvelle image, bref, ils se créent des rêves s'inventent des rêves”) : “Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs, Tout petit Prince a des Ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages.” Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf”, livre fable Cette mise en valeur exagérée de la personne de certains protagonistes permet, en plus de leur procurer un bonheur momentané, d'apaiser des inquiétudes plus profondes, typiques de l'esprit souvent anxieux et tourmenté des hommes: suis-je assez puissant? [...]
[...] La façon dont La Fontaine caractérise les protagonistes est très importante puisque c'est elle qui nous renseigne sur leur nature et leurs caractéristiques. La Fontaine a réalisé un véritable travail pour varier les appellations et nous donner des indices quant à la mentalité des personnages et au rôle qu'ils ont à accomplir. Dans Loup et l'Agneau” (livre fable 10) par exemple, le loup incarne la cruauté du plus fort par rapport au plus faible: animal plein de “cette bête cruelle”. [...]
[...] Pourquoi ou plutôt comment la fable arrive-t-elle à lui donner envie de s'élancer dans cet approfondissement? La réponse réside tout simplement dans l'esthétique de la gaieté, introduite par La Fontaine dans les fables (elle n'est pas présente chez Esope, ni Phèdre). En effet, les fables deviennent agréables et amusantes à lire: La Fontaine a réussi à y introduire des moments de beauté poétique, des éloges ainsi que des passages humoristiques grâce à la diversité des registres burlesque, épique, dramatique ou héroï-comique, comme dans cet extrait: peine il achevait ces mots Que lui-même sonna la charge, Fut le Trompette et le Héros. [...]
[...] Est-ce cela dire la vérité? Non, La Fontaine, en plus d'imaginer un monde nouveau où il fait don de la parole par exemple à un roseau (Le Chêne et le Roseau), ou a un peuple de grenouilles (Les Grenouilles qui demandent un roi), leur prête des pensées et des comportements humains, attribue à chaque espèce un vice ou un trait de caractère propre (le lion est le roi des animaux, une bête noble et bonne, tandis que le loup est sanguinaire et un peu bête). [...]
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