Fables, La Fontaine, délicatesse, symbolisme, comique, ironie, ridicule
« Je me sers d'animaux pour instruire les hommes » a lui-même écrit Jean de La Fontaine en parlant de ses Fables, publiées en 1668.
La fable, est un genre argumentatif original puisqu'elle utilise le discours narratif, sur un ton plaisant et le récit pour convaincre ou persuader. Nous pouvons citer ici Boileau, qui dans l'art poétique écrit « Heureux qui dans ses vers sait d'une voix légère passer du grave au doux, du plaisant au sévère ». La Fontaine semble bien illustrer ce propos.
La fable 4 du livre VII, Le Héron, est située dans le second recueil des Fables, ce livre propose d'ailleurs des textes plus sérieux que certains autres livres des fables, il écrit d'ailleurs à la fin du livre sixième, dans son épilogue cette volonté de changement. [« »]
[...] Cela confirme que l'apologue est un genre littéraire qui emporte plus facilement l'adhésion du lecteur qui en accueille presque naturellement la morale. Enfin, comme nous l'avons déjà précisé, la morale s'achève sur une invitation du fabuliste à lire la fable suivante, La Fille, dans laquelle l'exemple ne sera plus animal mais bel et bien humain. [...]
[...] Pas de précision qui justifierai l'attitude du héron. II- Une critique de la délicatesse Un animal symbolique Dans la première partie de la fable (jusque la morale), La Fontaine fait intervenir un héron de manière à l'affubler de défauts habituellement rencontrés chez l'homme. L'animal est ainsi humanisé par : - dès le titre, la majuscule : Le Héron presque comme un titre de noblesse, grandit déjà le personnage, cette façon de s'élever avec prétention. Uniquement par le nom, la typographie. [...]
[...] Au vers 12, l'élément perturbateur est évoqué : l'appétit vint. La Fontaine va alors suivre une gradation descendante par la taille des mets rencontrés par le héron : carpe (vers brochet (vers tanches (vers goujon (vers 20) et enfin limaçon (vers 26). De plus, le discours au style direct rapportant les appréciations du héron souligne un personnage prétentieux et égocentrique. Finalement, il sera amené à renier ses prétentions et à céder à la faim, étant tout heureux et tout aise / De rencontrer un limaçon (vers 25-26). [...]
[...] On constate ainsi un changement fréquent opéré entre les vers qui sont tantôt constitués d'alexandrins (vers ) tantôt d'octosyllabes (vers tenant l'attention en éveil. De plus, les rimes sont irrégulières : La Fontaine utilise toutes les rimes à sa disposition dans le désordre (croisées, embrassées, plates). Enfin, les enjambements (notamment vers 18-19, 23-24 et 32-33) participent à cette dynamique. - l'animalisation du personnage, constante de nombreuses fables, maintient l'intérêt du lecteur qui cherche alors les caractéristiques humaines qui se cachent derrière l'animal. [...]
[...] On retrouve un schéma narratif classique et très complet : des vers 1 à 26 : Après une brève exposition qui permet de présenter le personnage principal : le Héron (Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où) mime remarquablement la démarche saccadée de l'animal, La Fontaine va effectuer une description paradisiaque de la nature (vers 4 à soulignée par des adjectifs mélioratifs (transparente, beaux). Le contraste avec une telle profusion et la concision de l'octosyllabe du vers 9 (Mais il crut mieux faire d'attendre), qui souligne le dédain du héron, suffit à suggérer sa délicatesse excessive : s'il était normal, il en profiterait ! [...]
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