Adapter les classiques pour la jeunesse est aujourd'hui une question essentielle pour les maisons d'éditions comme pour l'Education nationale. Il s'agit en effet de faire naître chez le jeune lectorat le goût pour la lecture, et principalement pour la lecture des oeuvres classiques. Cela passe par la mise en place de collections spécialisées dans la visée de ce public particulier, à travers la création de couvertures colorées et attrayantes, d'illustrations, d'ouvrages qui résument les oeuvres classiques en n'en laissant que des extraits représentatifs... Mais ces dernières années, une pratique d'adaptation s'est vulgarisée au point de devenir un phénomène de mode : la transposition d'oeuvres littéraires en bandes dessinées.
Il s'agit avant tout de rendre plus accessibles les classiques parfois difficiles d'accès, mais ce phénomène éditorial rend malgré tout la pratique systématique : les commandes priment sur la spontanéité artistique. C'est ainsi que pour s'assurer le succès de leurs collections, les éditeurs commandent les titres présents dans les programmes scolaires et associent à ceux-ci des dossiers pédagogiques, comme par exemple Delcourt qui propose un accompagnement à ses adaptations. De même, l'Education nationale connaît elle aussi un engouement pour le neuvième art : on utilise désormais les bandes dessinées en classe car elles permettent l'apprentissage de la langue et transmettent le goût de la lecture. Mais la question qui se pose dès lors est de savoir si l'adaptation peut aussi développer le goût de la littérature.
Le roman et la bande-dessinée sont malgré tout proches du point de vue de leur aspect puisqu'il s'agit de deux supports écrits, ce qui permet à l'oeuvre de conserver globalement sa forme première. La bande-dessinée constitue donc une réduction du texte original, illustré et simplifié pour se mettre au niveau du nouveau public qu'elle vise (...)
[...] Mais la question qui se pose dès lors est de savoir si l'adaptation peut aussi développer le goût de la littérature. Le roman et la bande dessinée sont malgré tout proches du point de vue de leur aspect puisqu'il s'agit de deux supports écrits, ce qui permet à l'œuvre de conserver globalement sa forme première. La bande dessinée constitue donc une réduction du texte original, illustré et simplifié pour se mettre au niveau du nouveau public qu'elle vise. Même si au fil des années il est possible d'observer l'explosion des publications de bandes-dessinées qui sont de plus en plus nombreuses, il semble que l'adaptation des classiques soit avant tout un actant de la dynamique concurrentielle entre les différentes maisons d'éditions qui n'ont de cesse de chercher de nouveaux terrains de compétition. [...]
[...] Cette volonté d'illustrer A la recherche du temps perdu se retrouve aussi dans les maisons d'édition qui ont choisi de transposer le texte de Proust sous la forme de bande dessinée. C'est ce qu'a fait Delcourt entre 1998 et 2008 en éditant cinq tomes d'une cinquantaine de pages illustrées par Stéphane Heuet qui reprend avec fidélité la mise en scène, l'atmosphère et le rythme du roman dans un ouvrage en grand format qui se vend très bien. Le pari est donc tenu pour l'éditeur qui a réussi à adapter l'œuvre avec succès. [...]
[...] C'est ce que Jacques Tardi explique en parlant de son travail pour la réalisation du Cri du peuple, adapté d'un roman de Jean Vautrin à qui il a parfois demandé conseil : la bande dessinée a des exigences particulières par rapport à la littérature, pour tout ce qui touche à la psychologie notamment, difficile à illustrer, ou encore pour les parties dialoguées. Dans un livre, ce n'est pas un problème de consacrer tout un chapitre à une conversation dans un lieu figé. Dans un album, il est pratiquement impossible de consacrer plus d'une planche ou une planche et demie à une telle scène, ce serait ennuyeux. [...]
[...] Il est enfin possible de constater que d'une manière générale, adaptation rime avec élargissement du public : il ne s'agit pas seulement d'offrir un nouveau produit aux personnes ayant déjà consommé un premier article de la gamme mais de mondialiser une œuvre qui dès lors, n'appartient plus uniquement au patrimoine français, mais à la culture universelle. Peter Pan, Loisel : http://goujard.com/BD/Couvertures/PeterPan06.jpg http://culture.ulg.ac.be/jcms/j_6/accueil http://etc.dal.ca/belphegor/vol5_no1/articles/05_01_nicaise_dino_fr_cont.htm l http://bd.casterman.com/articles_detail.cfm?ID=168 Manga Les Misérables, Studio Variety Artwork : http://www.bdtheque.com/repupload/G/G_11261_01.JPG [6]Adaptation BD A la Recherche du temps perdu, Un amour de Swann, aux éditions Delcourt. [...]
[...] Il y a ainsi plusieurs types d'adaptations des œuvres littéraires : les adaptations qui se veulent fidèles comme A la recherche du temps perdu de Stéphane Heuet chez Delcourt, et les adaptations libres comme le Peter Pan de Loisel. Ce dernier a ainsi interprété l'univers et les personnages de J. M. Barrie en modifiant les évènements racontés et en introduisant un ton qui n'est pas celui du roman : Peter Pan est un enfant des rues que sa mère, ivrogne, a mis à la porte, et que Clochette vient trouver. Il s'agit donc avant tout d'une appropriation de l'œuvre initiale en même temps qu'un hommage à l'auteur. [...]
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