Chaque œuvre littéraire possède son lot de « méchants », des personnages souvent redoutables, intelligents et que rien n'arrête, des personnages essentiels au récit et qui souvent en sont les héros. Nous pouvons alors nous demander comment un personnage manipulateur et transgressant les règles les plus élémentaires de la morale puisse fasciner les lecteurs.
Dans quelles mesures un personnage abjecte et ne faisant que du mal peut-il fasciner le lecteur ?
[...] Entre autres, elle en vient à manipuler Prévan, un séducteur que la marquise parvient à faire tomber grâce à un stratagème à la fois très élaboré et démuni de toute morale. Nous pouvons aussi citer le personnage Iago, le second du célèbre Othello, héros de la pièce éponyme de Shakespeare. Iago est un personnage d'ambition, de frustration, de fourberie et surtout d'un grave manque de morale. Iago, envieux de Cassio, réussit par ruse et tromperie à convaincre Othello que Desdémone, son épouse, la trompe avec Cassio. Révolté, Othello tuera Desdémone. [...]
[...] Ce qui serait pour le commun des mortels une situation très embarrassante et inextricable, n'est pour Dom Juan qu'un simple jeu. En effet, il parvient à convaincre chacune d'elle qu'elle est la seule aimée. Cette facilité à convaincre les autres, Dom Juan la doit à sa dextérité linguistique, il est un expert avec les mots, et arrive à s'échapper de presque chaque situation problématique dans laquelle il se trouve. Sganarelle lui dit même je ne sais ; car vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison ; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas qui montre bien que Dom Juan est un grand manipulateur. [...]
[...] Étant habitée par cette profonde passion, ce désir de plaisir, elle opte pour le libertinage et devient cette femme libre, indépendante et moderne, qui ne peut qu'impressionner (et même parfois inspirer) le lecteur. Enfin, nous pouvons parler du côté rebelle des personnages que nous étudions. Certains lecteurs éprouvent en lisant des ouvrages comme Les Liaisons Dangereuses ou Dom Juan ce désir de rébellion, et se trouvent séduits par l'amoralité des personnages. Quelque part, cette idée d'amoralité, de rébellion est liée à la notion de libre-pensée, puisque les personnages s'affranchissent des règles élémentaires de la morale. [...]
[...] Il est, comme Dom Juan, un maître des mots, montant les gens les uns contre les autres. Iago, personnage à la fois impudent et audacieux, à lui seul fait de la pièce Othello de Shakespeare, une pièce fascinante et mémorable. Ensuite, nos pouvons ajouter que de nombreux personnages sont à la recherche d'un certain plaisir lorsqu'ils enfreignent les règles morales, un plaisir que le lecteur est souvent amené à ressentir. On voit par exemple que Dom Juan est prêt à tout pour satisfaire ses désirs, il joue avec le plaisir pour sa propre satisfaction et dès qu'il s'ennuie de ce plaisir (une conquête amoureuse), il le délaisse sans scrupule et part à la recherche d'un plaisir nouveau, différent. [...]
[...] De plus, certains personnages vont même jusqu'à prendre plaisir et ainsi jouir de leur méchanceté, amenant le lecteur à ressentir lui aussi ce plaisir. Enfin, le lecteur est également captivé par ce désir de rébellion éprouvé par nos personnages, et le pousse à remettre en question les règles transgressées, faisant donc grandir l'intérêt du lecteur pour un personnage. Finalement, pour illustrer ce paradoxe (la fascination pour quelque chose d'abject), nous pouvons citer le moraliste français Vauvenargues (1715-1745) : L'utilité de la vertu est si manifeste que les méchants la pratiquent par intérêt. [...]
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