Baudelaire, Fleurs du Mal, Haussman, rénovation, dépassement du réel, perte d'identité, aliénation, Spleen, foule, imaginaire, révolution haussmanienne, expérience de Paris
La ville de Paris est au centre de l'écriture baudelairienne : c'est par elle et au travers d'elle que se déclenche le spleen. En effet avec la rénovation haussmannienne, Paris va souffrir vingt années de travaux qui vont totalement transformer son visage, ce qui aboutira à une ville dite du monde moderne. Baudelaire dira alors que « Le vieux Paris n'est plus ».
[...] En effet, les grands boulevards favorisent la création de la foule où l'homme se perd et se confond avec les autres. Baudelaire parle de Fourmillante cité dans Les sept Vieillards et tout au long du poème on voit ce phénomène de ressemblance entre les êtres se déclencher et mener le spectateur à l'aliénation. Baudelaire prend le personnage du vieillard, car il lui permet de créer le sentiment de la profonde angoisse et d'épouvante que le narrateur ressent face à ce phénomène. [...]
[...] Par ailleurs dans ce poème on rejoint l'idée d'errance puisque Le spectre en plein jour raccroche le passant l'homme ne peut se soustraire à cet état fantomatique puisqu'il a perdu tous ses repères et toute notion d'individualité dans le monde moderne. Tout dans ce monde moderne, pousse le poète à l'autodestruction et à l'aliénation de soi : il ne sait plus très bien qui il est et il ne sait plus comment il doit agir. L'homme est soumis à une spirale infernale comme le montre le poème L'Héautontimorouménos dans lequel Baudelaire dit : Je suis la plaie et le couteau ! [...]
[...] De ce fait, l'absence de repère et le repli sur soi permettent au sein de la poésie de déployer tout un univers où les contraires peuvent coexister, où les renversements de perception deviennent une norme. Toute la particularité de Baudelaire se trouve dans la transformation des lieux communs, des sensations, pour les présenter dans leur superbe laideur comme la représentation de l'image de la charogne dans le poème éponyme. Baudelaire ouvre une porte vers un infini dont il est à la fois maître, acteur et spectateur. [...]
[...] Et c'est de l'expérience de la perte, du spleen, que découle ce dépassement du réel qui constitue le cœur de Les Fleurs du Mal. Finalement ce que Baudelaire produit au sein de sa poésie c'est réussir à faire cohabiter le monde qui l'entoure et son monde intérieur, qui sublime l'horrible réalité. En effet même si Baudelaire perçoit Paris dans tous ses défauts et dans sa corruption de l'homme, il est obligé de composer avec cette ville, puisqu'il ne peut pas renier totalement le réel sans sombrer dans la folie. [...]
[...] Le comportement de ces deux figures face à ces pertes est décrit selon un tableau tragique et pathétique puisque l'oiseau Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre et la négresse Piétinant dans la boue, et cherchant, l'œil hagard On voit d'ailleurs une inversion des situations, car là où il ne devrait pas y avoir d'eau il y a de la boue et là où le sol devrait être humide il y a de la poudre. Cela renforce l'idée d'un milieu déboussolé où les repères d'avant sont tronqués. L'homme semble même subir une distorsion du temps : J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans[2] Baudelaire parle de pendule enrhumée[3] Ainsi l'espace-temps dans la conscience de l'homme n'a plus de logique et laisse l'homme désarmé face à ce monde moderne. L'homme doit alors se familiariser avec ce monde moderne, mais un des autres symptômes est qu'il n'y parvient pas de par sa condition. [...]
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