Le roman a, de tout temps, permis aux personnages qu'il met en scène d'accéder à la gloire, à la fortune et aux passions amoureuses, faisant de la réussite un but, et même une obligation du récit. Cependant, au fur et à mesure, les héros ont décliné, jusqu'à devenir de simples personnages aux vies inutiles et ratées, mais néanmoins bien importants dans le récit. Ainsi, l'échec des personnages peut parfois devenir le centre de l'intrigue qui anime l'histoire, par exemple l'échec professionnel.
[...] De même, il exploite ses vendeurs et vendeuses qui se déchirent dans une course au meilleur poste. Il renvoie beaucoup d'employés chaque année, pour optimiser ses profits. La réussite apparaît ici comme vitale pour Mouret, qui défie la morale pour y accéder. De même, Julien Sorel, héros du "Rouge et le noir" de Stendhal, est un jeune homme, fils de charpentier, qui cherche à prendre une revanche sur sa condition par la réussite. Il finit par devenir le secrétaire d'un marquis dont la fille tombe amoureuse de lui, il a alors "vaincu" la noblesse. [...]
[...] La lâcheté du personnage révélée par l'échec militaire de cet homme intrigue le lecteur et le fait réfléchir. Cet homme, qui n'existe pas en temps que soldat, puisque son initiation à la guerre n'est pas du tout une réussite, existe pour le lecteur qui s'imagine à sa place. De même, Gil Blas, dans le roman éponyme de Lesage, est un voyou, membre d'une bande de voleurs. Dans un épisode de l'histoire, il n'hésite pas à menacer et voler un moine, uniquement dans le but de passer une "initiation" que lui imposent ses "camarades". [...]
[...] Malgré tout, si elle n'existe pas aux yeux des autres personnages, le lecteur voit en elle une femme forte, qui a su supporter les échecs, les railleries, les coups bas, qui donc existe véritablement comme une femme forte. Elle est le symbole de la lutte intérieure contre les agressions du monde du travail, et existe par sa bravoure. L'échec professionnel peut donc faire ressortir certains aspects positifs du personnage, qui existe aux yeux du lecteur. Les traits négatifs des personnages soulignés par leur échec peuvent aussi susciter l'engagement de la part du lecteur. [...]
[...] Pour exister, un personnage de roman doit-il nécessairement réussir ? Le roman de tout temps, permis aux personnages qu'il met en scène d'accéder à la gloire, à la fortune et aux passions amoureuses, faisant de la réussite un but, et même une obligation du récit. Cependant, au fur et à mesure, les héros ont décliné, jusqu'à devenir de simples personnages aux vies inutiles et ratées, mais néanmoins bien importants dans le récit. Ainsi, nous verrons dans une première partie comme peut être cruciale pour l'histoire et le héros la réussite de celui-ci, puis dans une seconde partie dans quelle mesure les "héros ratés" peuvent-ils exister malgré l'échec de leur vie. [...]
[...] Enfin, l'échec amoureux peut faire exister les personnages. L'échec amoureux est un des grands sujets romanesques, or l'échec d'une relation n'empêche pas les personnages d'exister. Ainsi, Thérèse Raquin, du roman éponyme d'Emile Zola a connu successivement deux histoires d'amour ratées, dont la seconde relation l'a même poussée à tuer son mari. Son premier couple étant un échec, elle tue son mari avec son amant. Cependant, après cet évènement, l'histoire qui s'ensuit avec son amant n'est que brève, puis dégénère jusqu'à les pousser à s'entretuer. [...]
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