Exemple de commentaire de l'excipit d'Enfance de Nathalie Sarraute, en particulier en abordant le souvenir qu'elle a de cette enfance, la nostalgie, et la manière dont cette enfance s'est achevée en formant son caractère et son identité d'adulte.
[...] Nathalie Sarraute n'est plus nostalgique. Cette nouvelle vie est alors attendue comme une promesse, qui devrait être vécue comme un passage initiatique inéluctable où les premiers temps risquent d'être difficiles L'enfant grandit et doit affronter le danger, elle accepte des professeurs [ ] très exigeants et le fait qu'au lycée Fénelon on y travaille tellement Dans son impatience de changement, l'enfant relève ces difficultés comme un défi. C'est en ce sens, sans doute, qu'il faut interpréter l'emploi du connecteur logique enfin qui marque la fin de l'attente comme une délivrance, comme si l'attente avait été insoutenable. [...]
[...] Plusieurs personnages jouent un rôle dans cet excipit. C'est d'abord la nature qui est personnifiée avec, en particulier, le rôle de l'Isère qui symbolise la sérénité liée à l'enfance, puis le brouillard qui lui est davantage associé au changement, et enfin Véra la belle-mère de Nathalie Sarraute, qui implicitement, semble-t-il, permettra à celle-ci de s'émanciper, alors que, dans un premier temps, elle la maintient dans une situation de dépendance. Une dichotomie est d'emblée révélée entre l'impression de l'enfant de devenir adulte, cette volonté de le devenir, et la façon dont sa belle-mère la traite d'une manière très protectrice. [...]
[...] Il s'agit alors de comprendre en quoi l'enfant qu'elle a été est capable de réflexion. Tout se passe comme si, et cet extrait ne fait pas exception, l'autobiographie ne pourra jamais dissocier la part de réflexion liée à l'enfance de celle de l'adulte écrivant sur son enfance. Conclusion : La fin de l'enfance ainsi que celle du récit s'accompagne d'une émancipation de Nathalie Sarraute pour en définitive s'achever sur une sorte d'aliénation de l'adulte qu'elle est devenue. A la spontanéité de l'enfance a succédé la liberté par le savoir, lui ouvrant de multiples horizons, une indépendance qu'enfant elle n'avait pas, mais paradoxalement lui en a aliéné d'autres, d'où cette nostalgie de l'enfance, qui s'oppose tel un paradoxe à sa liberté d'adulte. [...]
[...] Quand à son questionnement, par le truchement de la voix le pourquoi il est là afin de mettre en valeur le renoncement à l'enfance subi par Nathalie Sarraute une fois adulte. Les négations je ne au terme de l'extrait l'accentuent. Il est intéressant de noter dans la progression de cet excipit la façon dont Nathalie Sarraute passe du souvenir heureux de l'enfance, à sa nostalgie, à la volonté d'en sortir, pour enfin finir par la regretter. La réflexion Sous la facilité apparente du récit, Nathalie Sarraute tente en réalité, au- delà de l'évocation des souvenirs propre à l'autobiographie, d'avoir une réflexion sur l'écriture. [...]
[...] Une nostalgie mystique Les sens exacerbent son émotion. Cette émotion est elle-même renforcée par les points de suspension qui émaillent son récit (excepté à la fin, davantage révélateurs de ses doutes). La nature renvoie aussi à la perte, à sa propre nostalgie de l'enfance. Lorsqu'elle regarde les énormes troncs de sapin qui ont échoué cela pourrait s'expliquer comme une métaphore de la perte. Même enfant, elle prend conscience de cette fin. Au terme de cet excipit, l'enfant devenu adulte ne se fait plus d'illusions sur cette perte qui la destabilise. [...]
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