La paysanne, n'ayant pas une très haute estime d'elle-même, semble estimer qu'elle n'a pas sa place dans la société.
L'attitude de Charlotte est très explicite quant au regard qu'elle porte sur elle-même. Elle est gênée face à Don Juan, à qui elle répond par des phrases minimalistes, parfois même non verbales. Elle a du mal à accepter les compliments de Don Juan : « Monsieur, vous me rendez toute honteuse. » (ligne 176) et « Monsieur, cela vous plaît à dire, et je ne sais pas si c'est pour vous railler de moi » (lignes 185-186) ce qui montre qu'elle n'a pas l'habitude de recevoir des compliments des hommes et qu'elle est une femme timorée.
[...] Elle ne s'en rend compte que lorsqu'il hausse le ton. Elle apparaît donc comme une femme naïve et crédule. Quelques décennies plus tard, on peut constater que la paysanne a déjà évolué. Rosette, comme Charlotte, reconnaît son manque d'éducation n'ai guère d'esprit et je m'en aperçois dès que je veux dire quelque chose.» (Ligne 7). Cependant, elle est plus hardie : elle demande à changer de sujet parlons pas de cela, voulez-vous (Ligne 18) et se permettent des reproches : «Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez (Lignes et «Vous respectez mon sourire, mais vous ne respectez guère mes lèvres, à ce qu'il me semble.» (Lignes 23-24). [...]
[...] Nous voyons donc bien le paradoxe de la conduite de Don Juan : bien qu'il méprise la paysannerie, il admire, ou fait semblant d'admirer Charlotte. La double inconstance présente une situation semblable : Silvia se déprécie auprès de Flaminia, qui approuve ce qu'elle dit en en faisant des atouts : ! Voilà justement ce qui touche le Prince, voilà ce qu'il estime ! C'est cette ingénuité, cette beauté simple, ce sont des grâces naturelles.» (Lignes 7-8). Dans les paroles rapportées des dames de la cour, on retrouve les mêmes caractéristiques de la paysanne : «comment se porte sa beauté rustique. [...]
[...] * * * En conclusion, nous pouvons dire que le personnage de la paysanne a évolué au travers de trois axes : en prenant conscience de sa condition, elle désire s'en affranchir et se donne les moyens d'y parvenir. À travers ces portraits, nous pouvons voir un frémissement des classes sociales, puisque chacune de ces femmes a l'opportunité d'abolir les cloisons sociales. Cependant, ces textes montrent également la place de la femme dans la société ; elle est vue comme un objet, comme une distraction, passagère le plus souvent, pour les hommes. [...]
[...] Elle voit en la noblesse le respect avant tout, ainsi que la politesse et la connaissance. Les femmes nobles ne bénéficient pas toujours du même regard admiratif que les paysannes posent sur les hommes de la noblesse. Pour Charlotte, la principale caractéristique de la femme noble est qu'elle a des mains blanches, ce qu'elle ne possède pas : ! Monsieur, elles sont noires comme je ne sais pas quoi.» (Lignes 201-202). Par extension, cela signifie que les femmes nobles évoluent dans le luxe et n'ont pas de labeur à fournir. [...]
[...] Elle reproche là le manque de culture, de politesse, de tenue, des hommes paysans et le regrette en prenant pour référence le code existant pour les femmes nobles. Ainsi, deux regards s'opposent : ainsi, pour certaines femmes paysannes, les hommes de leur condition possèdent les mêmes attributs que les nobles ; pour d'autres, ils ne peuvent rivaliser avec ces derniers. La paysanne est parfois confrontée à la noblesse. Chacune lui porte un regard différent, selon qu'il s'agisse des hommes ou des femmes nobles. [...]
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