Après les œuvres théâtrales, viennent les sermons sur la sainte. J'en ai étudié deux malgré l'existence de deux vies complètes en vers (ainsi que deux fragments) et de six vies en vers. Le premier s'intitule Ore Orés de la Madelaine et se trouve dans le manuscrit de l'Arsenal 3516. Il dérive de deux sources latines dont la vie Postquam Dominus (BHL 5457) et la vie Post Dominicae resurrectionis (BHL 5443). La première parle du miracle opéré pour le seigneur marseillais et la seconde de la vie d'ermite qu'elle a suivie après l'évangélisation du sud de la France. C'est le premier texte qui mêle les deux parties de cette vie extraordinaire. Mais on ne retrouva pas tous les éléments de l'arrivée de Marie à Marseille comme par exemple, la persécution des juifs qui est la cause du voyage. Le récit du miracle apparaît sous forme abrégée mais certains détails de sa vie érémitique sont plus approfondis. Dans la même lignée, il existe le manuscrit du musée Dobrée V de Nantes qui date du XIIe siècle. Il serait la traduction d'un des quarante-quatre sermons de Saint Bernard.
L'ensemble des textes démontre la popularité que les trois saintes vont acquérir au cours des siècles. Elles sont celles qui vont construire un pont entre la Vertu et le Vice grâce à une conversion exceptionnelle. Pour comprendre l'importance de leurs vies dans la culture populaire, il faut tout d'abord expliquer les différentes notions du sujet tel que le repentir et le statut de la femme au Moyen Âge et faire un résumé de chaque culte qu'elles ont engendré. Puis, l'étude va se tourner vers le passage du péché à la conversion, de quelle manière a-t-il été tourné par les différents auteurs et comment les trois femmes l'ont vécu. A la suite de la conversion, le repentir se manifeste à travers plusieurs pénitences qui sont de l'ordre de l'unique et qui vont transformer ces trois personnes en élues divines, en saintes.
[...] La rencontre de Marie Madeleine avec un Ermite n'est pas un fait nouveau dans la littérature hagiographique. Il faut se tourner une fois de plus, vers Marie L'Egyptienne et sa rencontre avec Zozimas. Tout comme elle, Marie Madeleine demande un manteau pour couvrir sa nudité et annonce sa fin comme étant proche. Cette pudeur est le principal emprunt que l'auteur de la Vita Ermitica va reprendre à Sophronios, en l'accentuant toutefois, puisque le moine ne verra jamais la sainte nue. [...]
[...] Et li maleüros qui tot adés mal funt, Nulz ne poroit adire les malz qu'il sofferront. C'est une lutte ouverte contre Dieu, contre les punitions originelles, un sentiment qui pourrait les conduire toutes les deux vers l'Enfer éternel qu'elles ont déjà expérimenté lors de leurs vies avec leurs frustrations. Le cas de Marie Madeleine est différent, car comme je l'ai dit plus tôt, les textes qui parlent de sa vie de prostituée sont très rares et les plus populaires font abstraction ou résument brièvement cette partie de sa vie. [...]
[...] Ce travail terminé, estimant avoir évangélisé tout le sud de ce pays, elle se retire à la Sainte Baume dans une grotte, et à l'image de Marie l'Egyptienne, elle y restera trente ans ne se nourrissant que de la nourriture des anges et des offices divins. On distingue donc trois formes de pénitence chez nos trois saintes : la prédication, l'anachorétisme et l'emprisonnement. La prédication La prédication ne concerne que Marie Madeleine mais dans la littérature médiévale, on retrouve ce motif à de nombreuses reprises : Moïse, par exemple, dans La Vie des Pères, ayant entendu la voix de Dieu, rassemble autour de lui une petite communauté pour l'instruire des devoirs chrétiens. Mais Marie Madeleine reste, dans les légendes françaises, la première prédicatrice. [...]
[...] : La Vie de Sainte Marie l'Egyptienne : versions en ancien et moyen français, édition Droz, Genève p 243. vers 267-268 Comme par exemple, pecheors (v.307) pechié (v.309) pichierres (v.310) repentist (v.311) doleur (v.312) puis d'enfer (v.314) mesprison (v.314) prison (v.315) pechier (v.318) pechiez (v.322 et v.331) PINTO-MATHIEU, Elisabeth : Marie Madeleine dans la littérature du Moyen Age, Beauchesne, Paris Vers 13843 au vers 13848 in Arnoul Gréban : Le Mystère de la Passion, Slatkine reprints, Genève page 180 Vers 13892 au vers 13893 in Arnoul Gréban : Le Mystère de la Passion, Slatkine reprints, Genève page 180 id, vers Pinto-Mathieu, Elisabet : Marie Madeleine dans la littérature du Moyen Age, Beauchesne, Paris p Pinto-Mathieu, Elisabeth : Marie Madeleine dans la littérature du Moyen Age, Beauchesne, Paris p Vers 2449 à 2451 in La Vie des Pères publiée par Félix Lecoy, Société des Anciens textes français, Paris V 386 du manuscrit de l'arlésien Bertran Boisset Ce est de la Magdeleine, manuscrit du Musée Dobrée V de Nantes, in Bulletin des jeunes romanistes Ore Orés de la Madelaine in Zeitschrift für romanische Philologie p20-42. [...]
[...] Car s'amurs fait l'amur del pechit oblier. La position des rimes dans cette strophe est très intéressante pour la suite de cette étude. Même si la forme de l'œuvre n'est pas une référence littéraire comme le souligne Jean Charles Payen[70], son contenu est digne d'intérêt. Les quatre verbes qui terminent les vers sont à prendre en considération : en français moderne, ils se traduisent par aimer, désirer, enflammer et oublier : il s'agit de trois verbes d'amour qui, ajoutés, offre la possibilité de l'oubli, de la rémission des péchés. [...]
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