César Birotteau est paru en 1837, mais l'histoire se déroule en 1819. L'extrait que nous étudierons se situe après que Birotteau est entré chez Keller, un banquier, pour demander un crédit. Dans quel but Balzac a fait confronter ces deux personnages ? Il nous faudra d'abord étudier le caractère, l'état d'esprit des deux personnages. Puis, nous verrons comment peuvent être appréhendés les différentes forces en présence. Enfin, nous serons amenés à nous demander quelle est la portée symbolique des différentes thématiques abordées dans cet extrait et par quelle vision le lecteur appréhende ces thématiques
[...] Le monde s'est transformé en un véritable théâtre : ce n'est plus qu'une troupe (peut-être plus une troupe de théâtre qu'une troupe militaire) qui assaille Keller, le regard acquiert donc une importance particulière : il faut revêtir un masque : " affichaient un air satisfait ou prenaient des airs importants,(4) prit un air, jeta un regard, ce regard tomba Birotteau est véritablement débutant dans ce métier puisque Keller le démasque tout de suite (remarquons le parallèle " pour lui seul(28) et " pour eux seuls qui établit tout de suite un rapport entre le masque et l'esprit). Au contraire, l'imitation du regard de Napoléon effraie César. Ce dernier est incapable de la moindre analyse. La confrontation est donc moins une confrontation entre un libéral et un royaliste qu'entre un naïf et un analyste. Pourtant, il ne faut pas nier l'importance de l'Histoire pour comprendre le texte. [...]
[...] A la phrase la gradation du temps, et surtout la répétition 2 fois du substantif " minutes montre l'angoisse de Birotteau. L'emploi de l'imparfait dans la phrase 5 relève aussi de cette perte, d'autant plus que la proposition indépendante : " le temps s'écoulait. " n'apporte pas véritablement d'éléments. Il est normal que le temps s'écoule ; le préciser montre à quel point cette avancée était un poids pour César. Ce dernier, en effet, est un homme du passé. Et c'est pour cette raison que le temps ne lui donne pas raison. [...]
[...] Car elles sont toutes deux porteuses de sens dans ce passage. En effet, cela permet de montrer à la fois la petitesse psychologique de Birotteau, comme nous l'avons vu dans la première partie avec sa tendresse et la petitesse physique qui l'oblige à " se dresser à " se mettre à niveau Ainsi, à l'inverse de Keller, Birotteau est obligé d'affirmer sa position en déclarant son nom, mais uniquement son nom : (alors que Keller est explicitement nommé François Keller) " Je suis Birotteau ! [...]
[...] Son nom représente d'ailleurs l'Antiquité. César est un conquérant, mais un vieux conquérant. Keller imite Napoléon. Or, l'empereur est un conquérant qui suscite encore l'admiration et qui n'est pas encore relégué dans les livres d'Histoire. Ce choc des époques est particulièrement visible à la phrase 30 : " François Keller jeta donc à César un regard qui lui traversa la tête, un regard napoléonien. " Keller est le Napoléon de la finance, ou plutôt le roi, dans cet extrait puisque " cet homme était roi tous les matins et qu'il a une " troupe de courtisans. [...]
[...] se dit Birotteau dont le cœur se serrait. " Nous sommes bien renseignés sur ses sentiments, comme le montre l'isotopie de la douleur morale : " anxiété(5), douleur cachée(6), douloureusement(7), amère pensée(8), bouleversé(20), terreur(24) " Les phrases 8 et 9 expriment véritablement une supplication de Birotteau. Ces deux phrases nominales insistent en effet sur le pivot : pensée et larmes qui montrent encore la faiblesse de Birotteau. De plus, la diversification de la ponctuation ( ! ? . ) et le déictique là rapproche plus la scène du style direct que de la narration. [...]
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