Etude stylistique du lyrisme dans « Je t’aime » de Paul Eluard

Résumé du document

L'étude étymologique du terme « lyrisme » permet de cerner sa nature sémantique : le grec lura (« lyre ») était l'emblème d'Orphée, figure mythologique célèbre du poète errant, chantant sa douleur d'être à jamais séparé de sa bien-aimée. La poésie lyrique, au sens général, a donc pour objet principal l'expression des sentiments. Or le poème d'Eluard, Je t'aime, annonce d'emblée par son titre l'idée d'un amour déclaré à travers une œuvre littéraire. La poésie comme moyen ? Il semble pourtant qu'elle représente également le sujet partiel de ce poème. Le lyrisme qui constitue ce dernier apparaît donc plus complexe que le simple chant d'un amant poète célébrant sa bien-aimée. Quelle serait alors sa nature ? Doit-on d'ailleurs parler de « nature » au singulier, ou peut-on attribuer à ce lyrisme plusieurs facettes ? A moins que ce ne soit justement ce terme, « lyrisme », qui nécessite l'emploi du pluriel. Comment apparaît-il ? Quels sont les différents procédés qui les constituent ?

Extraits

[...] Le caractère oral de cette déclaration d'amour que constitue le poème, est renforcé par les vers 8 et 14, auxquels on pourrait associer respectivement un point d'interrogation et un point d'exclamation. La strophe du milieu débuterait sur un questionnement rhétorique, et s'achèverait sur l'expression d'un constat, qui symboliserait la période de deuil concernant le passé. II. Lexique Un lexique imagé et contrasté Le lexique subjectif est assez réduit : il se résume au verbe aimer qui est réitéré tout au long de la première et de la deuxième strophes. Certains termes font référence à des sensations, mais de façon indirecte, comme nous le verrons. [...]

[...] Sa présence est d'ailleurs soulignée dans le dernier vers par la place finale qu'il occupe : il est sujet à la fin du poème, mais aussi objet dans le même vers : quand je suis sûr de moi La forme tonique moi est en effet le dernier mot, celui sur lequel s'achève le poème. L'implication du locuteur comme élément prédominant du texte est donc confirmée. Etude des temps/ embrayage temporel et spatial Les deux temps utilisés dans le poème sont le passé composé et le présent. [...]

[...] Il serait porteur d'espoir, révélateur d'un optimisme face à la maladie. D'où l'idée d'une progression radicale, d'une mutation qui serait illustrée par l'image printanière que l'antéposition de l'adjectif premières confère aux fleurs De la même façon, la subordonnée complétive qui fond donne au nom la neige l'idée d'une transformation liée à la fin de l'hiver. Ces termes ont donc à la fois une valeur concrète, simple, mais possède également une dimension abstraite, plus complexe, permettant de dépasser la simple expression de sentiments amoureux. [...]

[...] Toujours cette opposition passé/présent, ancré dans le contexte énonciatif. Enfin, nous avons au vers 14 un présent de vérité générale qui renforce l'idée d'un flou temporel (lié à une généralité caractérisant divers éléments grammaticaux et lexicaux, comme nous le verront) mettant par là en évidence l'affirmation récurrente du groupe verbal je t'aime Ce présent d'énonciation situé au début de la strophe étudiée, apparaît alors comme un point d'ancrage temporel. Nous le retrouvons à nouveau dans la troisième strophe, où il apparaît dominant : le passé composé a disparut, et laisse place au présent, qui inscrit clairement la situation d'énonciation dans un instant ponctuel, centré sur le discours du locuteur. [...]

[...] - 1950 - " Le Phénix " L'étude étymologique du terme lyrisme permet de cerner sa nature sémantique : le grec lura lyre était l'emblème d'Orphée, figure mythologique célèbre du poète errant, chantant sa douleur d'être à jamais séparé de sa bien-aimée. La poésie lyrique, au sens général, a donc pour objet principal l'expression des sentiments. Or le poème d'Eluard, Je t'aime, annonce d'emblée par son titre l'idée d'un amour déclaré à travers une œuvre littéraire. La poésie comme moyen ? Il semble pourtant qu'elle représente également le sujet partiel de ce poème. [...]