Les trente dernières années ont été témoins de l'émergence de nouvelles formes de critique, rompant avec le structuralisme et la sémiotique. La sociocritique est issue de ce renouveau de la critique littéraire formé par les herméneutiques. Cette méthode d'interprétation des textes, comme l'indique Léo H. Hoek dans son article de 1993 « Euphorie et dysphorie dans les contes de Maupassant : une analyse sociocritique. » s'applique à « décrire le texte en tant que pratique sociale et idéologique et donc dans sa relation avec un contexte social. A cet effet, elle postule une corrélation entre le discours d'un porte-parole (narrateur, personnage, le « je »), appelé Sujet, dans le texte, et celui de certains groupes sociaux. De l'usage qui est fait par l'un d'entre eux du système de signes à base d'un code particulier résulte un sociolecte. Tout texte peut donc manifester plusieurs sociolectes selon les différents discours des Sujets. » Cette définition de la sociocritique met en évidence non seulement ses fondements mais aussi ses outils d'investigation du texte. Ainsi, en observant attentivement les manifestations des différents sujets présents dans des contes de Maupassant tels que Au Printemps, La Peur, et l'Aveugle, on pourrait parvenir à identifier différents types de discours, constants d'un texte à l'autre. Mais avant tout, il nous faut nous attacher attentivement à la première page de l'article qui pose les cadres théoriques de l'analyse à venir et la rend légitime. Léo H. Hoek débute par une description très détaillée sur le plan technique de sa méthode d'investigation. Il nous faut tout d'abord en faire un résumé soigneux pour comprendre les enjeux d'une telle analyse avant que d'entreprendre une application de cette théorie aux nouvelles de Maupassant, Au Printemps, La Peur, et l'Aveugle.
[...] Or, même si la critique sociale qui se dégage des nouvelles de Maupassant est une constante indéniable, il nous faut admettre que la mise en œuvre en est chaque fois revisitée par l'usage de stratégies littéraires différentes tant sur le plan narratif deux, trois narrateurs différents) que thématique (fantastique, amoureux, peinture de la société) Maupassant nous propose indéniablement plus de trois cents variantes d'une même idéologie, d'une même critique sociale, et ce avec un brio tel que bien longtemps, l'essentiel de la morale de son œuvre est resté incompris, même par des figures aussi brillantes que celle de Sartre. [...]
[...] Cette définition de la sociocritique met en évidence non seulement ses fondements mais aussi ses outils d'investigation du texte. Ainsi, en observant attentivement les manifestations des différents sujets présents dans des contes de Maupassant tels que Au Printemps, La Peur, et l'Aveugle, on pourrait parvenir à identifier différents types de discours, constants d'un texte à l'autre. Mais avant tout, il nous faut nous attacher attentivement à la première page de l'article qui pose les cadres théoriques de l'analyse à venir et la rend légitime. [...]
[...] Il nous propose deux cas de figures dans le cas où la nouvelle n'est portée que par un seul narrateur. Celui-ci serait alors un voyageur ou un promeneur à qui une rencontre fortuite fourni[rait] l'occasion de raconter un récit. Mais le narrateur peut aussi être un notable en visite chez des amis pour chasser ou dîner, lorsqu'un accident anodin offre à l'un ou à l'autre des convives l'occasion d'évoquer un souvenir ou de raconter les origines de tel évènement ou une histoire analogue. [...]
[...] Le lecteur ne retrouvera pas le discours rassurant du narrateur du récit cadre. Léo H. Hoek conclut à ce sujet : L'ambivalence du discours thymique [rend] les contes de Maupassant ( ) moins transparents et plus critiques qu'on ne l'admet souvent. La question se pose maintenant de savoir comment interpréter cette ambivalence. Aussi, après avoir montré la cohérence du corpus constitué par les nouvelles de Maupassant et avoir mis en évidence l'opposition nette entre le discours euphorique du narrateur du récit cadre et le discours dysphorique du narrateur du récit englobé, ainsi que le dénouement ambigu qui en découle, il nous faut découvrir la signification profonde de cette structure récurrente. [...]
[...] En effet, dans les nouvelles que nous nous sommes proposés d'analyser, les narrateurs du récit cadre ont cela en commun que tous ont un sens élevé de la liberté de et l'individualité, [allant] de paire avec [une] prédilection pour une vie calme, agrémentée de voyages et d'excursions. Bref, le je mène une vie de rentier dévoilant le sociolecte d'une classe oisive aux normes et aux valeurs bien particulières. Ainsi, dans La Peur, notre premier narrateur est un voyageur qui se rend par bateau en Afrique, pour des raisons inconnues : Nous étions là, six ou huit, silencieux, admirant, l'œil tourné vers l'Afrique lointaine où nous allions. [...]
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