Nous sommes en présence d'un dialogue : dialogue, puisque deux acteurs différents parlent. Dialogue un peu particulier malgré tout : la deuxième réplique constitue bien une sorte de réponse à la première et pourtant chacun des personnages semble s'adresser directement au public et ignorer son partenaire.
On constate que le développement suit un plan très clair et logique...
[...] Le bourgeois est opposé au campagnard. Le bourgeois d'Henry Monnier, quand il allait à la campagne, était en présence d'un monde dont il ignorait tout. Il lui arrivait d'avoir des illusions, de croire que l'existence des paysans était saine, facile et heureuse; s'il avait été au collège, il, s'écriait : O fortunatos nimium . Mais bien vite il était effrayé par des conditions de vie misérables, par l'inconfort; il ne pouvait imaginer l'existence à la campagne que dans un château ou dans une résidence secondaire. [...]
[...] Il n'est pas de petit marchand, voire d'épicier, d'ouvrier ou de paysan, qui ne rêve pour ses dernières années la bienheureuse et facile existence du bourgeois! Vous, jeune et vieux, vous n'avez que des idées, des opinions, des mœurs, une littérature, des arts, des instincts de transition, c'est-à-dire de bourgeois. Qu'est-ce que la bourgeoisie en ce moment? Tout. Que doit-elle être? Je l'ignore. En attendant, vous n'êtes que des bourgeois fieffés, tout ce qu'il y a de plus bourgeois au monde, fils de Prudhomme et non pas fils de Voltaire! [...]
[...] Bouvard et Pécuchet représenteront le symbole de cette bêtise bourgeoise. On rejoint ici le thème du bourgeois conservateur, figé dans ses conceptions, dans ses croyances, dans ses idées ou ce qui lui en tient lieu. C'est à ce type de bourgeois que s'oppose l'artiste ou l'homme de lettres, capable de rester jeune et de défendre la jeunesse. On peut aussi rappeler les idées exprimées par Stendhal dans Racine et Shakespeare (1823) : Racine a été romantique puisque ses œuvres étaient adaptées à son siècle, mais c'est une absurdité que d'être classique en refaisant en 1820 des tragédies qui correspondent au goût de 1660. [...]
[...] Enfin, dans cette sorte de prologue, on sent bien que c'est Henry Monnier qui parle chose rare auparavant. Chez Molière, ce sont les critiques littéraires ou les commentateurs qui croient parfois entendre la voix de l'auteur, mais leurs interprétations restent bien discutables. Même Beaumarchais garde à son Figaro un caractère bon enfant qui le rend plus proche de la comédie que de la satire. Le nom Prudhomme Le nom de Prudhomme, pour beaucoup, évoque seulement le personnage d'Henry Monnier; mais c'est d'abord un terme dérivé de preux, qui exprime autant la sagesse que le courage. [...]
[...] Etude du prologue de la pièce de théâtre d'Henry Monnier : "Monsieur Prudhomme" Sommaire Sens général 3 La tonalité Le nom Prudhomme La thèse La pièce d'Henry Monnier, Monsieur Prudhomme, représentée en 1852, commence par un prologue où un acteur nous montre, agrandi, le portrait du héros. Ah! Le beau bourgeois que voilà! (L'acteur s'adresse à une spectatrice). Mais, me direz-vous, belle dame, qu'est-ce au juste qu'un bourgeois? Eh oui! la définition n'en est guère aisée de nos jours! Pour le troupier, le bourgeois, c'est tout ce qui ne porte pas l'uniforme, là, c'est clair. [...]
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