Étude, principaux, lieux, milieux, Assommoir, Emile, Zola
La grande maison ouvrière elle devient le lieu de la vie majoritairement misérable de Gervaise et Coupeau après la séparation avec Lantier de cette dernière. De prime abord, la maison est paradoxalement effrayante par sa taille hors normes, en témoigne la phrase de Coupeau : « Nous ne sommes pas arrivés, dit Coupeau. Oh ! c'est un voyage ! » (p.75) Les logements sont ridiculement exigus (la boutique de Gervaise sert également de salle à manger et de cuisine). La maison ressemble à un animal monstrueux : « A cette heure de nuit, le porche, béant et délabré, semblait une gueule ouverte. » (p.494) qui avalerait ses victimes avant de les expulser à l'état de loques humaines « Lorsqu'elle s'engagea dans le corridor, elle était comme folle. » (p.496). Gervaise se sent écrasée par la force destructrice de la maison, qui est à elle seule avec sa saleté, son insalubrité et son bruit, le symbole de la condition ouvrière. 300 ouvriers vivent pêle-mêle dans ses « murailles grises mangées d'une lèpre jaune. » dans la pire des promiscuités. C'est de cet entassement que viendrait le mal «Oui ça devait porter malheur d'être ainsi les uns sur les autres, dans ces grandes gueuses de maisons ouvrières ; on y attrapait le choléra de la misère. » (p.495)
[...] » dans la pire des promiscuités. C'est de cet entassement que viendrait le mal «Oui ça devait porter malheur d'être ainsi les uns sur les autres, dans ces grandes gueuses de maisons ouvrières ; on y attrapait le choléra de la misère. » (p.495) Dès le début c'est un « labyrinthe » (p.66) avec ses pièges, ses détours et ses boyaux, à l'image des mines de Germinal publié huit ans après l'Assommoir, le deuxième roman relatant les conditions de vie pitoyables des ouvriers. [...]
[...] « Elle cochonnait l'ouvrage, sans soin, malpropre, perdant la tête jusqu'à oublier son métier. (p.437-438)» Conclusion La conjonction de ces trois éléments : la grande maison dévoreuse d'ouvriers, l'alambic démoniaque et la saleté insidieuse expliquent l'anéantissement de Gervaise et, à travers elle, les difficultés de la grande majorité des ouvriers parisien de la seconde moitié du 19ème siècle. Le roman de Zola est donc un réquisitoire contre l'environnement plus qu'hostile des ouvriers de l'époque et le manque de chances de réussite. [...]
[...] Une des règles que Zola veut faire apparaître dans ses romans est celle de la contamination : Gervaise est, bien qu'elle parvienne presque à s'en échapper, contaminée par la saleté du milieu dans lequel elle vit, finissant par la détruire. L'individu est conditionné par son environnement social et physique sans possibilité d'y échapper tout comme une réaction chimique, une fois les réactants mis en présence, la fin de l'expérience est prévisible et inéluctable. De plus, le quartier de la Goutte-d'Or et les faubourgs de Paris mettent l'accent sur la crasse physique et la puanteur qui y régnaient à l'époque et qui est, dans notre cas, la métaphore de la perdition morale des personnages. [...]
[...] Le Louvre avec ce qu'il représente de culture et de beauté est un monde qui leur est totalement inconnu et inhospitalier. « Ce fut avec un grand respect, marchant le plus doucement possible, qu'ils entrèrent dans la galerie française.» (p.100) une sorte de lieu saint dont ils finissent par avoir peur. La saleté Elle est omniprésente, entêtante, et poursuit les personnages tout au long du roman. Gervaise, bien que pratiquant un métier lié à la propreté, bascule de plus en plus vite dans la saleté. [...]
[...] L'alambic est en soi également une antithèse, mêlant à la fois le chaud et le froid, la lumière et les ténèbres, ainsi que le bien et le mal. A travers lui, Zola exprime le pouvoir ambivalent de l'alcool : dans un premier temps réconfortant, mais à plus long terme apportant la maladie et la ruine aux ouvriers tels Coupeau et Gervaise qui en abusent, en dehors de leur volonté, manipulés qu'ils sont par des forces quasi démoniaques (l'alambic et la maison « démon ») contre lesquelles personne n'est censé pouvoir résister. [...]
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