Lorsqu'il écrit Madame Bovary, Flaubert est plongé dans la révolution industrielle. C'est donc l'époque où la fabrication des objets passe de l'artisanat à la production en série. La révolution industrielle produit une foule d'objets d'utilité, d'objets de luxe et même d'objets d'art. En tant que peintre de son siècle Flaubert ne pouvait donc pas ignorer les objets. D'ailleurs la fin du roman montre bien que Flaubert vit dans son temps puisqu'il envoie le personnage de Berthe Bovary travailler dans une filature de coton (qui est une des nouveautés issues de la révolution industrielle). Les objets passant du monde réel au monde romanesque s'intègrent et contribuent à la poétique de l'œuvre. Dans le roman flaubertien, les objets ont une fonction et sont souvent détournés de leur fonction initiale. Dans Madame Bovary, nous verrons que les objets fonctionnent à la manière d'un miroir puis nous étudierons la dualité qui régit ces objets.
[...] Finalement Binet est tout aussi absurde que les objets qu'ils fabriquent. Un miroir du récit Comme on vient de le voir, l'objet peut donner à voir et à comprendre autre chose que lui-même. Certains objets peuvent notamment annoncer et commenter l'évolution des personnages et de l'action. Par exemple, la casquette de Charles est l'image du mauvais goût qui traduit à l'avance l'inadaptation de Charles dans un milieu et son échec à se faire aimer d'Emma. La casquette est une sorte de prolepse. [...]
[...] Ces objets adoucissent l'existence d'Emma et donnent une sorte de relief à la platitude de sa vie : Puis, quand ses yeux se reposaient sur la cheminée garnie d'écrans chinois, sur les larges rideaux, sur les fauteuils, sur toutes ces choses enfin qui avaient adouci l'amertume de sa vie, un remords la prenait, ou plutôt un regret immense et qui irritait la passion, loin de l'anéantir. Tous ces objets qui l'ont autrefois ravie et charmée, qui lui ont fourni un peu de bonheur, vont finalement causer son infortune (son infortune dans les deux sens du terme puisqu'ils la ruinent et entraînent son malheur). Effectivement les objets l'endettent et la mènent au suicide. Le billet à ordre est l'objet duel par excellence. D'un côté, il est la cause de la ruine des Bovary et de l'autre il est la cause de la fortune de Lheureux. [...]
[...] Les objets fonctionnent souvent à la manière d'un miroir. Tantôt ils reflètent le caractère des personnages, tantôt ils nous montrent les évènements à venir. Dans Madame Bovary l'objet est aussi un miroir trompeur. Il devient ainsi une sorte de support du délire pour les personnages. Un miroir trompeur Les personnages s'illusionnent sans arrêt sur les objets ou alors les objets trompent les personnages Les romans d'Emma la trompent sur la réalité de l'existence. Ils lui renvoient une image fausse de la réalité. [...]
[...] Et enfin (très important tout au long du roman) si Emma achète tant et tant d'objets tout au long de sa vie c'est qu'ils lui permettent d'oublier en quelque sorte la médiocrité de son existence, d'oublier tout simplement la vie qu'elle mène. Les objets permettent de se souvenir mais aussi d'oublier d'une certaine façon. Conclusion Dans Madame Bovary, les objets, qui sont pourtant marqués du sceau de la banalité industrielle, transcendent leur simple fonctionnalité matérielle. L'objet fait office de miroir qui reflète tantôt les personnages, tantôt le récit lui-même (c'est-à-dire les évènements). [...]
[...] Emma achète de nombreux objets à ces amants (elle offre par exemple un tapis à Léon, une cravache à Rodolphe etc. Elle croit mieux les conquérir en leur faisant des cadeaux. Elle pense leur faire plaisir et s'en faire aimer davantage or c'est tout le contraire qui se produit : Outre la cravache à pommeau de vermeil, Rodolphe avait reçu un cachet avec cette devise : amor nel cor ; de plus, une écharpe pour se faire un cache-nez, et enfin un porte-cigares tout pareil à celui du Vicomte, que Charles avait autrefois ramassés sur la route et qu'Emma conservait. [...]
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