Rédigé sept ans après le succès des Catilinaires (63 avant J.C), discours quasi contemporain du De Oratore, art théorique sur l'éloquence, le Pro Caelio de Cicéron(106-43) défend l'ancien protégé de l'orateur, Caelius, accusé, entre autres, de tentative d'empoisonnement par sa maîtresse Clodia.
Le court exorde (ou exordium) que présentent les deux premiers paragraphes a pour but, conformément à sa fonction d'ouverture du discours, de capter l'attention de l‘auditoire ici composé de juges ayant déjà écouté les plaidoiries de Caelius et Crassus.
Notre analyse s'efforcera donc d'analyser l'entreprise de séduction cicéronienne, entre humour, ironie et indignation, est fondée sur la dénonciation d'un paradoxe d'une part, et la dénégation de l'un des accusateurs de Caelius d'autre part.
[...] Le rapport de cause à effet, dont la différence de volume syntaxique montre assez le déséquilibre- A la rapide évocation de l´affaire succèdent ses conséquences développées par deux subordonnées et une principale- semble excessif. La suite de cette première période (ou comprehensio selon la terminologie cicéronienne), fondée sur la technique de l'accumulation, et syntaxiquement reliée par la forme négative de la conjonction de coordination et nec poursuit et achève la protase qui culmine à la ligne 8 avec la question de la stabilité de l'État (acmé). [...]
[...] La première partie de l'exorde met en évidence la stratégie de la rhétorique judiciaire de Cicéron, fondée sur l'exemplum de l'étranger au service de la remise en cause de la nature publique et politique du procès. A l'exposé théâtral du paradoxe succède dans un deuxième temps une interrogation sur les motifs des poursuivants, et d'Atratinus en particulier, attaque dont la finalité est une nouvelle mise en accusation de l'instigatrice du procès, Clodia, sur laquelle est fondée l'unité du discours. Le texte s'ouvre une proposition hypothétique Si quis [ ] adsit ignarus, construite sur le subjonctif présent actif adsit, mode du potentiel situant au moment de l'énonciation l'éventualité de l'hypothèse. [...]
[...] Étude linéaire de l'exorde du Pro M. Caelio oratio (56 av. J.-C.) de Cicéron Paragraphes 1 et 2 Rédigé sept ans après le succès des Catilinaires (63 avant J.C), discours quasi contemporain du De Oratore, art théorique sur l'éloquence, le Pro Caelio de Cicéron(106-43) défend l'ancien protégé de l'orateur, Caelius, accusé, entre autres, de tentative d'empoisonnement par sa maîtresse Clodia. Le court exorde (ou exordium) que présentent les deux premiers paragraphes a pour but, conformément à sa fonction d'ouverture du discours, de capter l'attention de l‘auditoire ici composé de juges ayant déjà écouté les plaidoiries de Caelius et Crassus. [...]
[...] A supposer que l'obligation ne les gouverne pas, concède Cicéron, celui qui s'abaisserait ( descendisset ) à accuser Caelius aurait peu de chances de convaincre; là encore, Cicéron réaffirme implicitement le fait que les charges retenues contre Caelius sont trop faibles entraîner un procès d'une telle ampleur. L'orateur envisage alors une autre possibilité: l'accusateur volontaire serait commandité et soutenu par quelqu'un de vindicatif, animé par une passion excessive : Clodia. Cicéron procède par allusion : Clodia, ici désignée par le pronom indéfini alicuius, est à nouveau caractérisée de façon négative par l'intolerabili libidine et nimis acerbo odio. L'adverbe nimis trop souligne le caractère excessif du ressentiment voire de la haine (c'est le sens fort du terme odium) de cette femme dépeinte comme une personne hystérique. [...]
[...] Le pronom personnel ego, le pronom possessif meo et l'emploi du verbe ignoscere à la première personne du singulier laissent poindre ce que la totalité du discours confirmera, à savoir que Cicéron se met davantage en scène que son client. On observe un décentrement de la fin de l'exorde sur la personne d'Atratinus que Cicéron présente comme quelqu'un d'absolument respectable (humanissimo atque optimo adulescenti) et qui est son ami; il n'est pas anodin que cette information soit mise en évidence placée entre les qualités d'Atratinus et le verbe ignosco : elle constitue un argument d'autorité, la protection de Cicéron étant à elle seule un gage d'honorabilité. [...]
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