Étude comparée de l'œuvre Les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar et Les vagues de Virginia Woolf

Résumé du document

L'œuvre Les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar est une biographie fictive consacrée à l'empereur Hadrien. Cependant, l'auteur ne fait qu'imaginer les mémoires de ce personnage historique. Cette œuvre s'apparente à des mémoires au demeurant fictives puisque l'empereur Hadrien (héros fictif de l'œuvre) évoque sa vie personnelle et politique. En revanche, chez Virginia Woolf, il s'agit en majeure partie de monologues intérieurs. Le but de ce procédé est de révéler les états de conscience éprouvés par les personnages. On observe deux types de personnages : ceux qui sont tournés vers l'extérieur et les autres, tournés vers eux-mêmes. Les deux œuvres, à travers les deux personnages presque semblables –Bernard et Hadrien- issus de deux univers différents et de deux époques différentes, reprennent les questions que se pose l'homme en général. Chacun essaie de trouver sa place dans le monde, et tend à monter qu'il existe. Alors, pour exister et faire valoir sa propre identité, l'être humain doit-il s'affirmer en tant qu'existant unique, indépendant des autres (comme Rhoda et Louis). Ou bien l'homme doit-il toujours passer par l'autre pour se situer dans le monde (Comme Bernard et Hadrien) ?

Extraits

[...] Dans quelle mesure ces paroles de Bernard peuvent éclairer les deux romans ? L'œuvre Les Mémoires d'Hadrien de marguerite Yourcenar est une biographie fictive consacrée à l'empereur Hadrien. Cependant, l'auteur ne fait qu'imaginer les mémoires de ce personnage historique. Cette œuvre s'apparente à des mémoires au demeurant fictives puisque l'empereur Hadrien (héros fictif de l'œuvre) évoque sa vie personnelle et politique. En revanche, chez Virginia Woolf, il s'agit en majeure partie de monologues intérieurs. Le but de ce procédé est de révéler les états de conscience éprouvés par les personnages. [...]

[...] D'ailleurs, on ressent ce désir de reconnaissance chez Bernard qui a toujours besoin d'être au centre, d'avoir en retour l'éclairage que dispensent les yeux d'autrui On peut donc comprendre qu'il n'existe que pour et par les autres ; à l'inverse, Louis et Rhoda se tournent vers leur monde intérieur. De plus, le seul moyen pour Bernard de prouver qu'il existe, c'est de parler à quelqu'un, raconter des histoires. Et, c'est souvent dans ce contexte qu'il est en position centrale : il parle et les autres l'écoutent et lui donnent tant d'importance. De la même manière, dans Mémoires d'Hadrien, le projet du narrateur est de raconter vie à quelqu'un. [...]

[...] Chacun a besoin de l'autre pour s'identifier, se connaître. Autrui devient alors le miroir de soi. Chacun se reconnaît à travers l'autre. Bernard aide Neville à se comprendre, et vice et versa, par compréhension réciproque : on perçoit donc le passage d'une compréhension mutuelle à sa propre connaissance. Aider l'autre à se comprendre demeure pour les deux personnages le seul moyen de se comprendre eux-mêmes. De plus, on peut voir une double authentification : chacun s'identifie à l'autre et chacun s'identifie à un poète. [...]

[...] La question de Bernard Suis-je séparé, unique ? n'est en fait qu'une ébauche de réponse à la question : qui suis-je ? En fait, il est lui et les autres. A la fin de l'œuvre, il s'inscrit dans une catégorie : J'ai fini par faire partie d'une certaine espèce d'hommes Cette réponse à la problématique initiale de l'existence relève bien du roman d'apprentissage. De la même manière, la lettre d'enseignement d'Hadrien, homme politique et être humain, relève bien du roman d'apprentissage ainsi que du récit autobiographique. [...]

[...] De plus, les thèmes du silence et de la solitude sont pour lui une annonce de sa propre mort : Nul écho ne répond quand je parle [ ] Cette solitude et ce silence demeurent ce à quoi il est condamné alors qu'il a toujours voulu échapper à ces deux maux. Dans cette solitude, je demeure assis marque le côté indéniable et fatal de cet isolement. Enfin, l'affirmation de l'individualité passe par l'expression du moi. Cependant, cet acte est à la fois personnel et tourné vers l'autre, dans l'œuvre de marguerite Yourcenar. En effet, Hadrien écrit à la fois pour se connaître, pour rendre compte de ce qu'il était. [...]