Etude comparative entre Philomèle et Prognée des Métamorphoses d'Ovide et de Titus Andronicus de Shakespeare. Après un résumé des deux oeuvres l'analyse tente de trouver toutes les clés et symboles utilisés par les deux auteurs...
Pour comparer ces deux versions du mythe de Philomèle, nous détaillerons les similitudes de Lavinia et de Philomèle, puis nous aborderons le lieu du crime et l'inexorable appel aux Dieux, les références animales, végétales et autres symboles. Nous nous interrogerons ensuite sur l'amour et la passion présents sous différentes figures, la vengeance et l'horreur des deux histoires avec les sacrifices infantiles et les artifices utilisés, pour enfin expliquer la folie et le topos baroque du doute permanent de la conscience et la mise en abyme explicite shakespearienne.
[...] Dans Titus Andronicus les appels sont trop nombreux pour pouvoir les citer tous mais toujours dans cette idée d'aide à la vengeance, Marcus prie le ciel dans la scène 1 de l'acte VI : Ô Ciel, peux-tu entendre un bon homme gémir et ne pas t'attendrir, et ne pas avoir pitié de lui ? ( ) Que le ciel se charge de venger le vieil Andronicus ! Dans la scène III du même acte, Andronicus envoie ses requêtes à divers Dieux. [...]
[...] D'autre part, Philomèle et Lavinia déchaînent les passions. Les deux fils de Tamora sont prêts à se battre pour l'amour de Lavinia : Cela mon épée te le prouvera, en soutenant les droits de ma passion à l'amour de Lavinia Chiron prétend même l'aimer plus que tout l'univers. (Scène acte II). De même, Térée tente de séduire Philomèle avec de riches présents et songe à dépenser tout l'or de son royaume pour l'enlever. L'amour maternel est aussi largement développé, Progné est assaillie par un instant de doute devant son enfant Dès que son fils, cependant, se fut approché et eut salué sa mère, noué ses petits bras autour de son cou, échangé avec elle des baisers mêlés de caresses enfantines, la mère en fut, il est vrai, émue, et sa colère brisée subit un temps d'arrêt. [...]
[...] Au-delà même de ce thème de la vengeance, les meurtres et autres mutilations sont fréquents : Dans Titus Andronicus, l'horreur est générale : quinze meurtres et exécutions, presque toujours sur la scène. Pour se venger, les protagonistes ont recours à des artifices, et notamment le déguisement. C'est un point similaire entre les deux versions. D'abord, nous avons Progné qui se déguise pour délivrer sa sœur : Sa tête est couverte de pampres ; à son côté gauche une peau de cerf pend, sur son épaule repose une légère lance. C'est la célébration triennale des mystères de Bacchus par les femmes de Sithonie. [...]
[...] Les dieux sont en effet le leitmotiv incessant des deux versions. Dans Philomèle déjà, les Dieux sont à maintes reprises appelés, cités, implorés. Dès les premier vers d'Ovide, Diane, la déesse de la lune et de la chasse dans la mythologie romaine, fille de Jupiter et de Latone et sœur jumelle d'Apollon, est évoquée. De même dans la scène 3 de l'acte II Bassianus s'écrit en découvrant Tamora loin de son escorte : ou bien est-ce Diane qui, assumant les traits de notre souveraine, a abandonné ses bois sacrés pour voir la chasse dans cette forêt ? [...]
[...] Dans la première scène de l'acte IV, le jeune Lucius amène même le livre des Métamorphoses d'Ovide sur la demande de Lavinia : Grand-père ce sont les Métamorphoses d'Ovide ; ma mère me les a données. Le père de Lavinia l'aide à feuilleter les pages et tombe sur Philomèle et Progné : Ceci est la tragique histoire de Philomèle, il est question de la trahison de Térée et de son viol, et le viol, j'en ai peur, est à l'origine de son ennui. [...]
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