Esthétique, Paul Valéry, inutilité de l'auteur, interprétation, lecteur, oeuvres engagées
Le rôle et la place de l'auteur dans ses œuvres, aussi bien poétiques qu'en proses, est une vaste question irrésolues dans le monde de la littérature. Les théories se sont enchaînées durant des siècles et chaque mouvement littéraire possède une opinion sur le sujet. Une opinion qui, au sein même des mouvements littéraires se scinde selon les auteurs. Qui appel l'auteur appel également le lecteur, sans lequel l'écrivain ne pourrait jouir de son statu. Paul Valéry peut-être considéré comme un théoricien extrême, il pousse au plus loin l'inutilité de l'auteur qui n'a pas plus de pouvoir que n'importe quelle autre personne qui détiendrait son œuvre : « Vers ou prose, une œuvre achevée est offerte, son auteur ne peut rien proposer, affirmer sur elle qui ait plus de portée, qui l'explique plus exactement que ce qu'en dirait tout autre personne. » L'auteur est inutile à la compréhension d'une œuvre achevée, ce terme important pourra mener une partie de la réflexion. Ainsi, l'auteur ne possède plus aucun pouvoir sur son œuvre : toutes les interprétations semblent alors se valoir quelque soit le lecteur. Ce dernier peut alors se fonder sur plusieurs critères de jugements (de l'ordre toutefois du subjectif) : « une œuvre est un objet ou un évènement des ses, cependant que les diverses valeurs ou interprétations qu'elle suggère sont des conséquences (idées ou affections) qui ne peuvent l'altérer dans sa propriété toute matérielle d'en produire de tout autres. » Le livre est un objet, avant tout, il faudra alors se questionner sur cette notion l'œuvre-objet et l'appréhension qui en est fait. Nous verrons en quoi la théorie de Paul Valéry offre une relation d'égalité entre auteur et lecteur qui dénature la littérature.
[...] Le lecteur est absorbé par le texte, tout comme le plongeur par la « pieuvre » dans les travailleurs de la mer de Victor Hugo. Il perd le contact avec la réalité, est « bu » entièrement par le texte. Le livre reste un objet, objet qu'il faut apprécier, toucher et même humer. Cette appréhension de l'ouvrage matériel tend à disparaître avec la nouvelle ère du numérique. Marcel Proust nous décrit, toujours dans son ouvrage sur la lecture, sa déambulation dans les rangs de livres, et l'odeur de vieux champignons qui émane de l'objet qu'il touche et ouvre. [...]
[...] Il faut donc prendre les textes avec son regard propre et s'abreuver de ce qui les constitue. Par exemple différentes interprétations du château de Kafka sont possibles ; le lecteur est libre d'y trouver du théologique, du sociologique etc. De plus, ce qu'à voulu dire l'auteur échappe le plus souvent à l'œuvre même. Il y a toujours un degré d'écarts entre l'intention de l'auteur et le rendu de l'œuvre offerte et achevée. « Le dessein ou l'intention de l'auteur n'est ni disponible ni souhaitable comme norme pour juger de la réussite d'une œuvre d'art littéraire. [...]
[...] » écrivait Eliot. Barthes avançait que la seule chose qui importe dans une œuvre c'est ce que le lecteur peut y trouver. L'on peut noter que certaines lectures sont moins aisées que d'autres ; il est plus difficile de lire la route des Flandres de Claude Simon ou l'éducation sentimentale de Gustave Flaubert qu'une pièce de Molière ou de Beaumarchais. Alors un lecteur non avisé qui se jette dans l'œuvre de Claude Simon aurait une critique aussi approuvable qu'un spécialiste du style et du projet simonien ? [...]
[...] Comment alors aborder l'œuvre ? Si elle n'a pas abouti, si elle n'est pas allée aussi loin que l'auteur l'aurait désiré comment appréhender ou juger l'œuvre ? Surtout lorsque l'on sait que le roman de Flaubert que nous connaissons ne constitue que la première partie du plan. L'accueil fut réservé et certains le considèrent comme un chef-d'œuvre. Mais si l'œuvre n'est pas achevée il est impossible de porter un jugement quelconque sur l'héritage que nous en avons. Le point de vue de Valéry omet étrangement ces ouvrages mystérieux dont il est impossible de connaître les intentions dont l'auteur songeait dans son achèvement. [...]
[...] L'on peut observer que l'auteur prend des distances avec ses propres livres et peut juger mieux que quiconque des ajouts et perfections qu'il y établit. Par exemple l'on peut relever, dans le chapitre du pédantisme que les ajouts de Montaigne nous montre son évolution puisqu'il tourne son précédent propos en dérision : « C'est merveille combien proprement la sottise se loge sur mon exemple. » L'œuvre achevée et offerte, comme point final, n'est d'ailleurs pas obligatoirement ce à quoi le lecteur peut s'attendre : Stefan Zweig, dans sa biographie de Michel de Montaigne, affirme sur la première version des deux premiers volumes qu'elle « en dit moins sur sa personne, en dit plus en fait. [...]
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