Dans la comédie du XVIIIs, Beaumarchais et Marivaux ont présenté de nouveaux rapports entre maîtres et valets. En effet, au XVIIs, notamment avec Molière, par exemple dans Les Fourberies de Scapin, le valet fourbe dupe son maître et se venge ainsi par la malice intellectuelle de sa soumission sociale. Mais, les rapports ont évolué et sont devenus plus complexes. Les personnages ne sont plus les caricatures de la Commedia dell'Arte mais de vrais humains au caractère plus réaliste.
Alors, quelle relation est la plus difficile à vivre ? Sociale ou bien humaine? L'étude du Le Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux témoigne d'un rapport social défini entre un maître dominant et un serviteur subordonné qui réclame l'égalité mais également d'un rapport humain complexe entre de jeunes gens qui partagent les mêmes sentiments. Ainsi, au-delà du masque et de la convention sociale, les préoccupations des quatre jeunes gens ne seraient-elles pas noyées dans un paysage social, comme dans les œuvres picturales de Watteau? « C'est une bagatelle qui vaut bien qu'on y pense ».
[...] Ce couple est le ressort dramatique puisque les comédiens sont au départ complices pour échanger leurs rôles. Le rapport entre maître et valet est marqué par un conflit de classe sociale par l'opposition sociale, intellectuelle et linguistique: le maître domine son valet et le valet cherche à être l'égal de son maître. Néanmoins, la relation humaine de ce duo se caractérise par un affrontement complice entre deux individus, une rivalité amicale entre deux jeunes gens qui ont en définitive les mêmes préoccupations et qui sont finalement des confidents voire des amis. [...]
[...] En effet, Lisette et Silvia présentent dans la scène première de l'acte d'exposition deux conceptions différentes du mariage. La suivante veut concilier ses intérêts tandis que Silvia exprime ses appréhensions sur l'hypocrisie sociale de l'homme. Silvia montre son inquiétude: Songe à ce que c'est qu'un mari et Lisette lui répond Un mari, c'est un mari Ainsi, cette dispute évolue en véritable discussion entre deux jeunes filles qui traduisent leurs craintes et leurs espoirs. Lisette affirme d'ailleurs Je ne m'oppose pas à la bonne opinion que vous en avez De plus, le monologue, unique de la pièce, où Silvia exprime son désarroi, remarque une nouvelle appellation : N'y a-t-il rien de plus haïssable que cette fille-là ? [...]
[...] Au-delà de son insolence: Si elle osait, elle m'appellerait une originale ou Voulez-vous que j'aille chercher le bâton le valet se veut le confident du maître. Lisette connaît les sentiments de Silvia: Pourquoi répondre de mes sentiments? et se permet même de donner son avis et d'exprimer ses observations: Je ne vous ai jamais vu comme vous êtes et je ne conçois rien à votre aigreur Le rapport social apparaît donc conflictuel malgré une complicité évidente. Du point de vue dramatique, cette relation est dépendante et chacun ne peut fonctionner dans l'autre. [...]
[...] Par exemple, Dorante s'exclame après l'entrée fracassante d'Arlequin: Butor que tu es! De même, Silvia, emportée par la colère, ordonne à Lisette de se retirer: La sotte! Retirez-vous, vous m'êtes insupportable La distinction sociale est particulièrement marquée par la périphrase péjorative : Comme ces gens-là vous dégradent ! En parallèle, le valet se venge en profitant de sa situation. Arlequin parodie à plusieurs reprises son maître et notamment la préciosité de son langage amoureux: Ma reine, ma princesse, je brûle et je crie au feu Il récuse son mépris: Ah! [...]
[...] Qu'est-ce qui est plus difficile à vivre dans la comédie du XVIIIs : les rapports entre maîtres et valets ou ceux entre hommes et femmes? Dans la comédie du XVIIIs, Beaumarchais et Marivaux ont présenté de nouveaux rapports entre maîtres et valets. En effet, au XVIIs, notamment avec Molière, par exemple dans Les Fourberies de Scapin, le valet fourbe dupe son maître et se venge ainsi par la malice intellectuelle de sa soumission sociale. Mais, les rapports ont évolué et sont devenus plus complexes. [...]
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