Le point commun le plus patent entre des figures aussi diverses que Montaigne, Balzac, ou Proust, est le fait qu'ils soient tous écrivains. Mais qu'est-ce qui justifie une telle appellation ? Qu'est-ce qu'un écrivain ? Etymologiquement parlant, est écrivain, scribanus, celui qui écrit, au sens propre du terme, c'est-à-dire celui qui trace physiquement des caractères au moyen de son stilus ou poinçon. Par extension, l'écrivain est celui dont la langue est la matière première. Mais au cours des siècles, le mot « écrivain » se spécialise en désignant non plus le simple scribe ou greffier, qui ne fait que reproduire par écrit des paroles d'un autre dans un but purement fonctionnel, mais celui qui conçoit l'écriture comme une finalité en soi. Ce pendant, le seul fait d'écrire pour écrire ne suffit pas à l'appellation d'écrivain. En effet, Balzac serait-il un écrivain si tous ses manuscrits étaient restés dans des tiroirs ? L'écrivain ne peut avoir de réalité sans la publication de ses écrits, c'est-à-dire sans la confrontation à un public. Il semble ainsi que la société soit indispensable à l'existence de l'écrivain. Dès lors se dessine une figure de l'écrivain comme être de relation, voire même de dépendance. La notion d'écrivain s'avère hautement problématique.
[...] C'est de cette situation instable que naît l'écrivain. En effet, si l'écrivain franchit le seuil, dans un sens ou dans un autre, il est éliminé, au sens d'ex-liminare, et par là, il perd son titre d'écrivain. En effet, si l'écrivain franchit la porte du côté de l'auteur, il reste coupé de la société, et donc n'a pas d'existence reconnue. Si au contraire, il la franchit du côté de la société, alors il est coupé de l'instance créatrice et se réduit à un statut de scribanus. [...]
[...] Dans quelle mesure un écrivain se définit-il par rapport à l'écriture ? En quoi son rapport à la société est-il indispensable à son existence ? Quelles sont les implications de cette approche de l'écrivain comme être de relation ? Un écrivain est d'abord quelqu'un qui écrit, avec toute la polysémie qu'implique ce terme. Mais il est également celui qui entretient une relation particulière avec la société. Enfin, cette posture de l'écrivain comme être de relation est essentielle à sa définition. [...]
[...] Qu'est-ce qu'un écrivain ? Le point commun le plus patent entre des figures aussi diverses que Montaigne, Balzac, ou Proust, est le fait qu'ils soient tous écrivains. Mais qu'est-ce qui justifie une telle appellation ? Qu'est-ce qu'un écrivain ? Etymologiquement parlant, est écrivain, scribanus, celui qui écrit, au sens propre du terme, c'est-à-dire celui qui trace physiquement des caractères au moyen de son stilus ou poinçon. Par extension, l'écrivain est celui dont la langue est la matière première. Mais au cours des siècles, le mot écrivain se spécialise en désignant non plus le simple scribe ou greffier, qui ne fait que reproduire par écrit des paroles d'un autre dans un but purement fonctionnel, mais celui qui conçoit l'écriture comme une finalité en soi. [...]
[...] Quelles sont les implications de cette approche de l'écrivain comme être de relation ? L'écrivain apparaît en effet comme un être de relation, avec tous les sens qu'implique ce terme. La relation est à entendre à la fois au sens de récit, de narration, ou d'action de relater, et au sens de lien ou rapport existant entre des choses, des personnes ou personnages. Ainsi avons-nous étudié dans les deux premières parties le rapport de l'écrivain à l'écriture, puis le rapport de l'écrivain à la société. [...]
[...] En conclusion, est écrivain celui qui a pour métier l'écriture. Ainsi Raymond Queneau affirme-t-il : «C'est en écrivant qu'on devient écriveron». Mais l'écriture ne suffit pas. Est écrivain celui qui se fait publier, celui qui est en rapport avec un public, et qui a une influence sur celui- ci, ce qu'illustre très bien la trinité latine du placere, docere, movere Enfin, un écrivain se définit par sa difficile situation liminaire. Tel il Matto le Fou funambule lunaire du film La Strada de Fellini, un écrivain observe, marchant entre ciel et terre, les Gelsomina et les Zampano, et tente de déchiffrer cette grammaire du néant social où ils se tiennent. [...]
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