Julien Benda, dans Belphégor s'insurge contre une critique qui ne considère jamais l'œuvre en elle-même mais qui veut toujours l'expliquer par une relation historique « Rencontrent-ils par exemple cette pensée 'Une femme oublie d'un homme qu'elle n'aime plus jusqu'aux faveurs qu'il a reçues d'elle'? Croyez-vous qu'ils vont s'appliquer à goûter la valeur de la remarque, en discuter la portée, admirer le bien venu de l'expression ? Nullement ; ils vont chercher quelles circonstances de la vie de la Bruyère ont pu lui suggérer ce mot, s'il a aimé, s'il a été quitté, s'il a souffert ». Chercher ainsi le sens de la critique dans un rapport causal historique, c'est considérer l'œuvre comme un produit, comme l'expression de la réalité. La tâche de la critique serait alors de découvrir ce rapport, mettant ainsi à jour la vérité de l'œuvre.
Plus encore que Julien Benda, Rolan Barthes se révolte contre ce qu'il appelle la critique universitaire dans ses Essais Critiques ('Qu'est-ce que la littérature ?') : pour lui il ne s'agit pas de 'découvrir' dans l'œuvre ou l'auteur observés, quelque chose de 'caché', de 'profond', de 'secret' qui serait passé inaperçu jusque-là mais 'seulement d'ajuster, comme un bon menuisier qui rapproche en tâtonnant « intelligemment » deux pièces d'un meuble compliqué, le langage que lui fournit son époque (existentialisme, marxisme, psychanalyse) au langage (…) élaboré par l'auteur.' Ainsi pour Barthes, le langage critique ne doit pas parler du monde, du rapport de l'œuvre au monde, de l'œuvre à l'auteur pour 'découvrir' une 'vérité', mais du langage de l'auteur : le langage critique est méta-langage : 'la tâche critique est purement formelle'.
On peut s'interroger sur le statut de ce langage critique, sur ce qui définit sa nouveauté, son objectivité et sa validité dans son rapport à l'œuvre. Comme nous l'avons dit, la 'nouvelle critique' inaugurée par Barthes se définit par réaction à une 'ancienne critique' : il s'agira donc d'abord de voir à quelle conception de la critique Barthes s'oppose pour pouvoir ensuite expliciter la vision de Barthes et enfin réfléchir sur ce qu'implique cette conception sur le statut de l'œuvre et de la littérature.
[...] Ainsi, la critique philologique et la critique biographique peuvent être riches de sens. Par exemple, n'est-il pas intéressant d'étudier les variations sur un poème tel que Larme d'Arthur Rimbaud ? Dans la première version que nous avons de ce poème, Rimbaud termine le poème par ces vers : Or ! Tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages/ Dire que je n'ai pas eu souci de boire ! Alors que le dernier vers du même poème repris dans Une saison en enfer devient Pleurant, je voyais de l'or-et ne pus boire. [...]
[...] Mais alors, le risque n'y a-t-il pas risque de dire n'importe quoi n'importe comment ? Peut-on par exemple appliquer n'importe quelle grille de lecture à n'importe quel auteur ? Non répond Barthes. L'objectivité de la nouvelle critique ne réside pas dans une soi-disant vérité mais dans la validité du système critique : la preuve critique, si elle existe dépend d'une aptitude ( ) à la couvrir [l'œuvre] le plus complètement possible par son propre langage. : la preuve critique, c'est la cohérence du système. [...]
[...] Narcisse, qu'en dis-tu ? On voit bien par cet exemple qu'il ne s'agit plus de découvrir une vérité de l'œuvre, mais bien de couvrir ici le langage de Racine le plus complètement possible par son propre langage (ici la linguistique). Différents langages possibles, car aucun ne vise le vrai Aucun langage critique ne visant le vrai, des langages différents peuvent être acceptables en même temps sur la même œuvre, Barthes cite ainsi l'existentialisme, le marxisme, la psychanalyse : des critiques idéologiques, mais valides, car elles ne visent pas le vrai. [...]
[...] La tâche de la critique serait alors de découvrir ce rapport, mettant ainsi à jour la vérité de l'œuvre. Plus encore que Julien Benda, Rolan Barthes se révolte contre ce qu'il appelle la critique universitaire dans ses Essais Critiques Qu'est- ce que la littérature ? : pour lui il ne s'agit pas de découvrir dans l'œuvre ou l'auteur observés, quelque chose de caché de profond de secret qui serait passé inaperçu jusque-là mais seulement d'ajuster, comme un bon menuisier qui rapproche en tâtonnant intelligemment deux pièces d'un meuble compliqué, le langage que lui fournit son époque (existentialisme, marxisme, psychanalyse) au langage ( ) élaboré par l'auteur. [...]
[...] Dans ce discours, le référent est Junie, cependant Néron lui s'exprime sur le mode du je et la fonction émotive (qui est centrée sur le destinateur et vise à une expression directe de l'attitude du sujet à l'égard de ce dont il parle) est très présente : ainsi, Néron parle de lui plus que d'elle : Excité d'un désir curieux/ Cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux/ Triste ( ) avant de parler d'elle. Le texte lui-même est parsemé de termes phatiques (qui permettent une accentuation du contact), qui montrent la familiarité de Néron avec son confident : Que veux-tu ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture