Essais, Des Coches, Montaigne, conquête du Nouveau Monde, colonisation, Jean-Jacques Rousseau, Lévi Strauss, Espagnols, Indiens, commentaire de texte en philosophie
La découverte du Nouveau Monde a provoqué un grand bouleversement en Europe. L'Homme a pris conscience qu'il existait des terres au-delà de l'Océan Atlantique. Montaigne, moraliste du XVIe siècle, dans ses Essais, oeuvre polémique écrite entre 1533 et 1592, évoque la conquête du Nouveau Monde. En effet, dans le chapitre VI "Des Coches" du livre III des Essais, après avoir abordé le problème des transports, Montaigne s'interroge sur le bien-fondé de la conquête du Nouveau Monde qui a eu lieu un siècle plus tôt. Il propose ainsi une rencontre avec l'Autre. En effet, les conquérants arrivent dans le Nouveau Monde et rencontrent les Indiens.
[...] Ils se montrent ainsi beaucoup plus convaincants. Tandis que l'Espagnol, menaçant, ne tente de persuader que par la terreur et l'intimidation. Ainsi, dans ses Essais, Montaigne propose une totale remise en cause des valeurs du monde européen de son siècle. L'essayiste expose bien une critique de la colonisation en proposant un duel argumentaire très significatif. Tandis que l'Europe considère l'Indien comme un être inférieur dénué de raison, Montaigne lui accorde une parole et une logique, le « logos » et le « logismos ». [...]
[...] La mise en scène de la rencontre de deux mondes différents Montaigne, à travers une argumentation directe dénonce l'arrivée brutale des Espagnols. Il ne crée pas un environnement colonial fictionnel, mais se base sur des témoignages de faits vécus et sur les lectures de récits de voyage. En effet, nous sommes d'emblée plongés dans un contexte colonial, une expédition maritime. Le champ lexical de la conquête apparaît très distinctement avec les termes : « naviguant le long des côtes », « à la recherche de leurs mines [d'or] », « prirent terre », « après de longs voyages » de la première à la quatrième ligne. [...]
[...] Depuis la Grèce Antique jusqu'à l'époque de Montaigne, l'esclavage est largement justifié. Montaigne ose ici démontrer l'inverse. En utilisant le genre de l'essai, révélant à la fois un désir introspectif et l'esprit scientifique, il va à l'encontre des pensées de son temps. Ainsi, l'Européen montre à travers ce passage toute sa sauvagerie tandis que l'Indien fait preuve d'amabilité. Cette pensée de Montaigne a permis aux héritiers comme le philosophe du XVIIIe siècle Jean-Jacques Rousseau de créer le « Mythe du bon sauvage » et à Lévi-Strauss, au XXe siècle de développer la pensée ethnologique opposée à l'ethnocentrisme européen. [...]
[...] À travers un discours rapporté, Montaigne nous dévoile les Européens comme des êtres qui veulent soumettre les Indiens. Le champ lexical du pouvoir est très présent grâce aux termes énumérés : « la principauté » à la sixième ligne, « tributaire » à la septième ligne, les verbes « demander » et « faire connaître leur croyance » et « conseiller d'accepter », « ajoutant quelques menaces à ce conseil ». Les Indiens, à travers leur discours, vont d'ailleurs révéler que les Espagnols sont des « gens armés ». Tandis que le monde des Espagnols est menaçant et violent, celui des Indiens semble idéal. [...]
[...] L'endroit hospitalier dans lequel les Espagnols arrivent l'est tout autant que ses habitants. Le face à face entre les Espagnols et les Indiens démontre un contraste entre les deux. L'un se montre menaçant et autoritaire tandis que l'autre écoute attentivement pour finir par répondre poliment et avec logique aux adversaires. De plus, les Indiens n'ont à aucun moment coupé la parole aux Espagnols, courtoisement. Les Indiens vont employer eux-mêmes les adverbes « heureusement » et « agréablement » afin de décrire la façon dont ils vivent. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture