La gloire est un thème prédominant dans les tragédies cornéliennes et raciniennes à plusieurs niveaux : en effet, celles-ci sont la mise en scène de personnages historiques antiques importants ayant joué un rôle politique, devenant le symbole du pouvoir, et essentiellement le symbole du pouvoir romain qui entre en conflit avec un autre type de pouvoir. Cette gloire politique s'accompagne dans la représentation des tragédies d'une situation amoureuse qui se heurte à cette gloire politique. D'autre part, étudier l'espace de la gloire revient à étudier non seulement la place et l'importance accordée à celle-ci dans Bérénice, mais également les espaces dans lesquels elle évolue, et donc dans Bérénice, la tension entre la Palestine et Rome, dont Titus et Bérénice sont les représentations métonymiques.
Au même titre, l'espace peut être compris comme espace scénique et donc comme représentation sur scène de la gloire, espace en tant que décor, mais espace au sens plus large en tant que place et importance des personnages par la parole et donc dans l'espace du texte à proprement parler. Ces considérations nous conduisent à distinguer plusieurs types de gloires à savoir gloire politique et donc effective, gloire amoureuse et donc singulière propre à chacun des personnages et gloire subjective, qui se réalisent par le biais du dramaturge. Nous aboutissons donc à la problématique suivante à savoir comment la lutte entre les différents espaces engendre-t-elle une confrontation entre gloires politique et amoureuse ?
[...] puisqu'il faut partir, partons sans lui déplaire.". Gagner le respect de Bérénice lui vaudrait une gloire certaine qui s'épanouirait sur l'espace scénique (qui est le palais romain). D'ailleurs, dans la scène IV acte I lorsque Antiochus avoue son amour, son temps de parole est important comme si l'espace textuel était mimétique d'une gloire retrouvée (on lui compte 8 répliques comme Bérénice. Antiochus retrouve le même statut que la Reine). Les répliques d'Antiochus ne sont qu'un exemple, mais l'idée peut être renforcée par la présence d'autres personnages directement concernés par la gloire en tant que grandeur et éclat. [...]
[...] Puisque pour Titus, le dilemme est présent et structurant de son personnage. Ainsi, l'espace de la gloire devient le moteur de la tension de l'action dramatique. II La gloire comme élément structurant du dilemme amoureux : entre espace de la gloire et espace de l'amour En effet, la tension qui existe entre les deux espaces politiques est également motivée par le dilemme qui naît chez Titus entre amour et empire, une tension qui conduit l'intrigue de la tragédie et nourrit la pièce. [...]
[...] Il s'agira alors dans un premier temps de comprendre la lutte des espaces politiques qui se réalise dans la pièce par la gloire, qui conduira à envisager la place de la gloire comme moteur de la tension dramatique et nous terminerons par voir que la gloire se réalise également par le biais du dramaturge et de la mise en scène. I Un espace de la gloire politique et objectif La gloire dans Bérénice se réalise essentiellement d'un point de vue politique. [...]
[...] Le lumineux espoir laisse place au désenchantement. Même Antiochus que Titus considérait comme son fidèle compagnon d'armes avec qui il semble partager sa gloire (cf acte III scène perdra cet éclat lorsqu'il révélera à l'Empereur son amour pour Bérénice. Malgré une création subjective de gloire, chaque personnage semble perdre sa grandeur personnelle. Rome (en tant qu'espace scénique dans lequel les personnages évoluent) devient le lieu d'une révélation tragique qui semble ternir chaque éclat de gloire. Pourtant, la gloire personnelle disparaît-elle totalement ? [...]
[...] L'extension du territoire montre donc le pouvoir et la gloire de Titus à l'extérieur de Rome : Là, de la Palestine il étend la frontière ; il y joint l'Arabie et la Syrie entière Cette extension du territoire traduit également une certaine gloire de la Palestine à travers le personnage aimé de Bérénice ; plus tard dans la pièce, ce don apparaîtra d'ailleurs comme un cadeau d'adieu, via Antiochus, comme le montre l'acte III sc 2. Titus, dont la gloire amoureuse ne peut se réaliser, offre des terres à la Palestine. [...]
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