Dissertation sur une citation de Reymon Queneau : "L'erreur, le crime et l'adultère : voilà tout ce qui rend les hommes intéressants."
[...] Si « L'erreur, le crime et l'adultère » apparaissent comme les failles partiulièrement marquantes d'une ère en contradiction et en recherche de sens, elle apparaît, cependant, figurant un universalisme à la fois admis et discuté. Cette phrase sous-tend, en effet, une analyse universelle, considérant l'Homme comme seulement défini par ses erreurs et faiblesses. Ce courant de pensée largement influencé par l'intellectualisme d'après-guerre, apparaît pourtant limité et en contradiction avec d'autres concepts, notamment l'existentialisme qui suivra. Celui-ci, énonçant que l'Homme reste responsable de ses actes, dépasse de fait, la vision de Queneau entraînant l'humain dans une possibilité d'action, de progression et de rédemption. [...]
[...] Le mouvement littéraire surréaliste des années 30, participa de cette approche à laquelle des auteurs comme Raymond Queneau apportèrent de nouveaux codes et de nouvelles contraintes structurant la création littéraire. Queneau, qui énonça, dans son œuvre Pierrot mon ami, en 1942, "L'erreur, le crime et l'adultère: voilà tout ce qui rend les hommes intéressants" symbolise parfaitement cette quête de sens continue, dans son œuvre, comme dans ses positionnements. Dès lors, nous pouvons nous demander quel sens réel porte cette citation et en quoi, l'Homme trouve intérêt à se démarquer par ses travers? [...]
[...] Or, dans une réflexion universelle, l'acceptation unique d'une Nature humaine, à la fois bonne et mauvaise, apparait comme la seule base de définition et d'interprétation possible et nécessaire des compétences humaines car elle offre autant de ressorts positifs que négatifs, balayant un champ des possibles illimité. En regroupant les possibilités d'actions humaines dans un après-guerre sinistré, Raymond Queneau met en exergue une pensée noire et profonde qui parait embrasser une vision universelle de l'âme humaine. Pourtant, dans un immédiat social et culturel traumatique et batie sur une quête de sens, cette affirmation s'ancre, en réalité, davantage dans une quête profonde et un réalisme profondément subjectif. [...]
[...] Dès lors, ancrés dans un processus de lente reconstruction et un travail de tentative de conciliation intellectuelle, les écrivains eurent d'abord à admettre que le genre humain comportait des failles, dont il fallait à présent tenir compte. Queneau et d'autres s'efforcèrent, ainsi, de bâtir de nouveaux concepts désormais calqués avec réalisme sur les véritables motifs de l'âme humaine. D'une part, la puissance européenne politique, sociale et culturelle fut entièrement brisée entraînant le Vieux Continent dans une forme de dépression durable et profonde. [...]
[...] La notion d'erreur et celle de faiblesse humaine s'inscrivirent dès lors comme les éléments de définition de l'être humain. Il fallut, cependant, attendre une génération entière pour parvenir à cette distanciation et analyse, propre à rebâtir un nouveau socle culturel. Ainsi, le « crime » renvoie à la notion de « crime de guerre » fondée en 1945 par le tribunal de Nuremberg dont le rôle dans la condamnation populaire unanime des atrocités commises qu'il a légitimée fut particulièrement mis en valeur. [...]
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