Dans le texte liminaire à son Journal extime, Michel Tournier procède à la dichotomie du genre diaristique. En écho à la formule d'Annie Ernaux selon laquelle "on se découvre soi-même davantage en se projetant dans le monde extérieur que dans l'introspection du journal intime", Tournier fait une nette distinction entre l'intimité et l'extimité du journal. Si la première correspond à "un repliement pleurnichard sur "nos petit tas de misérables secrets", comme disait André Malraux", l'extimité littéraire, elle, serait ce "mouvement centrifuge de découverte et de conquêtes" qui stigmatiserait le journal en tant qu'écriture du dehors (...)
[...] I (S') écrire pour le dehors : l'exemple du journal extime chez Annie Ernaux et Marguerite Duras Dans le texte liminaire à son Journal extime[1], Michel Tournier procède à la dichotomie du genre diaristique. En écho à la formule d'Annie Ernaux selon laquelle on se découvre soi-même davantage en se projetant dans le monde extérieur que dans l'introspection du journal intime[2] Tournier fait une nette distinction entre l'intimité et l'extimité du journal. Si la première correspond à un repliement pleurnichard sur petit tas de misérables secrets”, comme disait André Malraux l'extimité littéraire, elle, serait ce mouvement centrifuge de découverte et de conquêtes qui stigmatiserait le journal en tant qu'écriture du dehors. [...]
[...] Marguerite Duras, L'Eté 80 [1980], Paris, Éditions de Minuit, coll. Double p Marguerite Duras, La Vie matérielle [1987], Paris, Gallimard, coll. Folio p. 8-9. Annie Ernaux, La Vie extérieure, op. cit., p Journal du dehors Journal du dehors, 36-37 Ecrire cela, tout ce que j'écris ici, comme preuve. Annie Ernaux, La Vie extérieure [2000], Paris, Gallimard, coll. Folio p. Journal du dehors, p Journal du dehors, p. [...]
[...] Folio p.10. Ibid., p Ibid., p Duras outside p Annie Ernaux, La Vie extérieure [2000], Gallimard, coll. Folio p. 28-29. Annie Ernaux, Avant propos Journal du dehors, op. cit., p. 9-10. Jacques Pécheur, Une place à part. Entretien avec Annie Ernaux Le Français dans le monde, mai-juin 2000. [...]
[...] Fragments de vie, donc, mais dont la juxtaposition hétéroclite prend pourtant un caractère à la fois romanesque et autobiographique, et esquisse un réseau de signification qui émergent à la fois pour le lecteur et pour l'auteur. Recherche de soi dans le spectacle de la vie d'autrui, plaisir de trouver chez l'autre des éléments constitutifs de notre individualité propre, il y a dans le journal extime une véritable confrontation entre l'écriture et le réel. Michel Tournier, Journal extime [2002], édition revue par l'auteur, Gallimard, coll. Folio p. 11-12. Annie Ernaux, Avant propos Journal du dehors [1993], Gallimard, coll. [...]
[...] Le contenu de La vie extérieure et du Journal du dehors sont d'ailleurs stigmatisés, par Ernaux, comme des preuves[14] contrariant ainsi la non-visée sociologisante de leur écriture. De fait, l'accumulation des scènes entrevues (mère houspillant son fils dans le métro, familles pauvres faisant leurs courses ) portent le regard du lecteur vers une réalité sociale violente et pénible : Lumières et moiteur de Charles-de-Gaulle-Etoile. Des femmes achetaient des bijoux au pied des escaliers mécaniques. Dans un couloir, il y avait écrit sur le sol, dans un emplacement délimité à la craie : Pour manger. [...]
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